La wilaya de Boumerdès a été le théâtre de plusieurs actions de protestation ces derniers jours. En effet, il ne se passe pas une journée sans qu'on fasse état d'événements liés à l'effervescence du front social dans la région. En l'absence de communication, la fermeture des axes routiers et des sièges des institutions publiques s'est érigée comme le seul moyen auquel recourent les habitants pour se faire entendre. La semaine dernière, pas moins de quatre actions de protestation ont été enregistrées dans les localités de Benchoud, Baghlia et Bordj-Menaïel par des citoyens réclamant l'aménagement des routes et le lancement des projets inscrits au profit de leur localité. A Benchoud, des habitants d'Ouled Kheddache sont allés, mardi dernier, jusqu'à prendre en otage le maire auquel ils reprochent de n'avoir rien fait pour lancer le projet d'aménagement urbain inscrit au profit de leur localité en 2009. Un procédé qui illustre le malaise qui couve au sein de la population de cette région durement touchée par les affres du terrorisme et les aléas du sous-développement. Dans la commune voisine de Baghlia, des dizaines d'habitants de Sabaou ont investi la rue pour réclamer le revêtement de la route desservant le village. D'autres actions similaires avaient été enregistrées à Bordj Menaïel par des citoyens, qui dénoncent la détérioration des ruelles du centre-ville, l'absence d'éclairage et le blocage des projets de raccordement au réseau du gaz en faveur du village Omar. «Notre commune a bénéficié de 370 milliards dans le cadre du programme d'amélioration urbaine chapeauté par la DUC, mais cet argent n'a servi a rien. Les routes menant vers Bousbaâ et Tahrir sont dans un état lamentable. Même les ruelles qui sont bitumées près de l'hôpital sont devenues infréquentables à cause de la mauvaise qualité du bitume. Le wali a promis de diligenter une enquête en avril dernier, en vain», dénoncent des citoyens de la ville. Ce problème, qui se pose dans de nombreuses autres communes de la région, suscite la colère de milliers de citoyens. Le recours au blocage des routes n'est qu'un signe d'une gestion défaillante des affaires et des préoccupations des habitants de la région. Mais aussi de l'énorme retard que connaît la wilaya en matière de développement local et du grand travail qui attend le nouveau chef de l'exécutif. A Berrahmoun, dans la commune de Corso, la route a été bloquée récemment durant plusieurs heures par des habitants irrités par le bricolage constaté sur le chantier d'aménagement des trottoirs, bloqué depuis deux ans. Quelques jours auparavant, ce sont les villageois de Aoudia, toujours à Corso, qui se sont soulevés contre les odeurs qui se dégagent à longueur d'année à partir du centre d'enfouissement technique (CET) de la localité, le seul dont dispose toute la wilaya. Les protestataires justifient leur mécontentement par le mépris et l'indifférence affichés à leur égard par les services concernés en précisant qu'aucune réponse n'a été réservée à leurs correspondances. A Naciria, des villageois sont allés jusqu'à bloquer la RN12 pour revendiquer la réalisation d'une passerelle et dénoncer les promesses sans lendemain des autorités. Cependant, ces actions, qui traduisent le marasme qui couve au sein des populations de la région, ont de tout temps été dénoncées par les automobilistes. «La fermeture de la route n'est pas une solution. Elle ne pénalise que le simple citoyen. Les protestataires doivent exiger des autorités des solutions pour leurs problèmes. Il y a des personnes malades qui doivent se rendre à l'hôpital et ceux qui travaillent. Pourquoi les sanctionner ainsi ?», s'écrie un automobiliste bloqué dans un immense embouteillage après la fermeture de la RN25 à Benchoud.