Il s'agit d'une première dans l'histoire du Théâtre régional de Constantine (TRC), qui vient de produire L'Amenokal, (le chef suprême en français). L'histoire de cette pièce interprétée en chaoui est très passionnante. «Des amis des autres théâtres régionaux nous ont toujours reproché notre absence au Festival du théâtre d'expression amazighe à Batna. Une absence que je n'arrivais toujours pas à expliquer», nous révèle Karim Boudechiche, metteur en scène de cette œuvre. «Jusqu'au jour où je décide de voir Aïssa Redaf, comédien à la retraite et ancien scénographe au TRC, pour me proposer un texte en chaoui. Ce dernier me confie une version en arabe de sa nouvelle El Bernous, écrite en chaoui et publiée en 1980 dans la revue Izouran, paraissant à Tizi Ouzou, et c'est comme ça que j'ai commencé à étudier le texte, que j'ai trouvé très intéressant, et j'ai décidé ainsi de l'adapter au théâtre», poursuit-il. Et c'est ainsi que commenceront les choses sérieuses. «Le directeur du TRC, Mohamed Zetili, a été très emballé par ce projet inédit dans les annales de cet établissement culturel ; il m'a encouragé à lancer le chantier dans l'immédiat et c'est ainsi que j'ai entamé le choix des comédiens», dira Karim. Ce dernier avoue qu'il avait songé au début à solliciter des comédiens des théâtres de Batna et d'Oum El Bouaghi, maîtrisant bien le chaoui. «J'ai finalement changé d'avis, en me disant pourquoi ne pas donner cette chance inédite aux acteurs de Constantine pour marquer l'histoire à travers cette pièce», notera Karim Boudechiche. Le choix sera porté sur 5 comédiens et 6 danseurs. «J'ai opté d'abord pour Yasmine Feriak, du théâtre d'Oum El Bouaghi, (qui jouera le rôle d'une journaliste), qui a beaucoup aidé les autres comédiens dans l'apprentissage du chaoui», expliquera-t-il. Les autres rôles ont été confiés à Djamel Mezouari (l'architecte), Chaker Boulemdaïs (le général romain), Ahmed Hemames (Massinissa) et Samir Mohcen (le général numide). La pièce raconte l'histoire d'une jeune journaliste passionnée par l'étude des vestiges archéologiques et des mausolées numides. Lors de ses recherches, elle fait la connaissance d'un architecte qui l'invite à visiter le mausolée de Massinissa. Une visite qui marque la jeune journaliste, au point que cette dernière entre en transe et se retrouve comme dans un rêve à l'ère numide en train d'assister aux funérailles de Massinissa, où elle sera témoin et actrice dans des événements en chaîne, qui feront d'elle une ardente militante pour la protection du patrimoine historique numide. Le public aura ainsi à découvrir les péripéties de cette captivante production lors de sa générale prévue lundi 19 octobre sur les planches du TRC, avant sa participation au Festival national du théâtre d'expression amazighe le 12 décembre prochain à Batna.