Représentant les trois quarts de la population, la classe moyenne sera difficilement épargnée par l'austérité qui se profile. Le projet de loi de finances 2016 adopté récemment en Conseil des ministres a déjà prévu des hausses de taxes, de tarifs et de droits de douanes sur un nombre de produits et de postes de consommation dont certains de base comme l'électricité et le carburant dans un contexte où les hausses de salaires sont annihilées par la chute vertigineuse du dinar. Le salaire moyen en Algérie est d'un peu plus de 36 000 da par mois, mais près d'un quart des effectifs employés (les travailleurs dans l'administration) touchent moins de 35 000 da. Les cadres qui ont les salaires les plus élevés, selon le niveau d'éducation, ne représentent que 17% des effectifs, alors que les agents d'exécution (59% des effectifs) ont une moyenne de salaire de 21 000 da. Globalement, 8 salariés sur 10 touchent moins de 40 000 da par mois et un peu plus de la moitié d'entre eux touchent 25 000 da et moins. En s'attaquant à la consommation des produits énergétiques, le gouvernement semble vouloir faire d'une pierre plusieurs coups : s'adjuger des recettes fiscales supplémentaires, inciter à l'économie de l'énergie et à la consommation de carburants moins polluants. Ainsi, le projet de loi de finances 2016 a prévu une hausse de la TVA de 7% à 17% pour les consommations d'électricité au-delà de 125 kwh, soit la tranche sociale pour laquelle le KW est facturé à 1,77 DA. Il faut savoir qu'avec une TVA à 7% appliquée séparément sur la consommation du gaz et de l'électricité, les taxes peuvent représenter jusqu'à 10% de la facture et sans doute plus après la hausse prévue à partir de janvier. De quoi plomber les budgets des ménages à faibles et moyens revenus. Selon les données de l'Office national des statistiques (ONS) relatives aux dépenses de consommation, pour les 20% de la population possédant les salaires les plus bas les charges liées à l'électricité, au gaz et à l'eau représentent 1/3 des dépenses. Plus les salaires augmentent, moins ces charges pèsent lourd. Ainsi, ces charges ne représentent que 1/5 pour les 20% de la population avec les salaires les plus élevés. Pour les catégories intermédiaires, ces chargent pèse près du quart (22%). Plus de charges pour les véhicules Mais c'est sans doute les automobilistes qui payeront le prix fort sachant que les deux tiers du parc automobile sont constitués de véhicules de tourisme et que plus de 50% des ménages en possèdent un. Le projet de loi de finances 2016 prévoit une hausse des vignettes automobiles qui touchent aussi bien les véhicules utilitaires, de transport que les véhicules de tourisme. Elles oscillent entre 3000 et 18 000 da pour les premiers, et entre 500 et 10 000 da pour les seconds en fonction de l'âge du véhicule. Plus le véhicules est neuf, plus la vignette est élevée. Il faut savoir que 20% des véhicules de tourisme mis en circulation à la fin de l'année 2013 avaient 3 ans d'âge. Outre les vignettes, la hausse des prix du carburant fera également des victimes, précisément ceux qui roulent au gasoil dont la TVA pourrait passer de 7% à 17%. Selon les statistiques de l'ONS, un véhicule de tourisme sur 5 roule avec ce carburant. Rapporté au parc d'automobile global, c'est un véhicule sur 3 qui est dans cette situation. Pour ceux qui ne possèdent pas de véhicule, les effets de la hausse des prix du gasoil se feront ressentir par ricochet pour ceux qui utilisent les transports en commun, sachant que 9 autocars/autobus sur 10 carburent au gasoil, et pour les consommateurs des produits agricoles dont les prix risquent de flamber considérant que 97% des tracteurs utilisés par les agriculteurs roulent au gasoil. Pour le reste, il faut prévoir des hausses de droits de douane et de TVA pour les futurs acquéreurs et utilisateurs de matériels informatiques et de la 3G respectivement. Le doublement de la taxe sur le chiffre d'affaires qui pourrait toucher les opérateurs de la téléphonie mobile ne manquera sûrement pas d'être répercuté sur les usagers également. Beaucoup de ceintures à serrer en perspective.