La rentrée sociale 2015 est marquée par la flambée des prix des produits de large consommation. En ce mois de septembre, le pouvoir d'achat des Algériens est soumis à rude épreuve. La flambée des prix a touché les fruits et légumes ainsi que des légumes secs, soit une part importante du budget des ménages. Cette envolée des prix s'étend également aux véhicules en raison des nouvelles taxes sur les voitures imposées par la loi de finances 2015. À la veille de la célébration de l'Aïd El-Adha, on enregistre également la hausse des prix du mouton. En effet, l'ovin est cédé à pas moins de 40 000 DA, contre 30 000 à 35 000 DA l'année dernière. Les chiffres officiels reconnaissent ce processus d'augmentation des prix favorisé par la contraction de nos recettes d'exportation due à la chute des prix du pétrole. Le rythme d'inflation annuel en Algérie a grimpé jusqu'à 5% en juin 2015, contre 4,8% et 4,5% en mai et avril derniers selon les chiffres de l'Office national des statistiques. L'indice des prix à la consommation a aussi connu une croissance mensuelle de 0,5% par rapport à mai 2015. Pour les biens alimentaires, cet indice des prix a enregistré une hausse de 0,7% sur la même période de comparaison, qui a été induite principalement par une variation haussière des prix des produits agricoles frais (+1,1%) et des produits alimentaires industriels (+0,3%), avait rapporté l'ONS. En termes de pouvoir d'achat, le pays voit rouge. Cette situation est accentuée par la dévaluation du dinar qui impacte lourdement le pouvoir d'achat des citoyens. Les retombées vont toucher les tarifs de certains produits à partir de janvier 2016, notamment ceux qui ne sont pas subventionnés par l'Etat. De nombreux opérateurs économiques avertissent sur les conséquences de la décision de dévaluer le dinar. Pour eux, dévaluer le dinar signifie des coûts d'importation plus élevés et par conséquent des coûts de revient et de vente plus élevés. Et augmenter les prix des produits importés va engendrer certainement une grande inflation et réduira le pouvoir d'achat des Algériens. Lors de la présentation des tendances financières et monétaires de l'Algérie au premier semestre 2015, le gouverneur de la BA a souligné, pour ce qui concerne le pouvoir d'achat des Algériens, que le dinar a enregistré une dépréciation de 22% par rapport au dollar américain. Bien qu'il se soit apprécié de 0,6% par rapport à l'euro au premier semestre 2015 comparativement à la même période de 2014, le dinar reste encore fragile et un épisode de forte inflation importée n'est pas exclu. Malmené, le citoyen n'est pas au bout de ses peines. En effet, l'avant-projet de la loi de finances 2016, adopté le 9 septembre par le conseil du gouvernement, contient une nouvelle série de mesures destinées à augmenter les recettes de l'Etat. Et quoi de plus simple que de solliciter, encore, le portefeuille du citoyen. Pour la première fois depuis de nombreuses années, le gouvernement introduit massivement des taxes qui impacteront directement le quotidien des Algériens. Parmi ces mesures, le gouvernement prévoit le relèvement du taux de la TVA pour le gasoil, la 3G et la consommation d'électricité dépassant un certain seuil. L'avant-projet de loi de finances pour 2016 prévoit en outre une série de mesures visant les automobilistes. Ainsi, les vignettes automobiles vont augmenter, variant de 500 à 18 000 DA selon le type et l'âge du véhicule. De plus, les véhicules de tourisme diesel seront soumis à une nouvelle taxe d'assurance à 1000 ou 2000 DA en fonction de la puissance du véhicule. Mais surtout les prix des carburants vont grimper. L'essence (normal, super et sans plomb) va augmenter de 2,91 DA par litre suite à l'augmentation de la taxe sur les produits pétroliers (TPP). Le gasoil subira quant à lui une double augmentation. Le relèvement de son taux de TVA de 7 à 17%, ajouté à l'augmentation de 2,66 DA par litre dictée par la TPP, pourrait faire grimper le litre du gasoil à 17,75 DA. Dans le cas de l'électricité, le gouvernement prévoit de garder un taux de TVA réduit de 7% pour la consommation allant de zéro à 125 kilowatt/heure (kWh), et de relever la TVA au taux normal (17%) au-delà de ce seuil. Si ces mesures prévues par l'avant-projet de loi de finances de 2016 sont adoptées par le parlement, elles auront un effet négatif sur le pouvoir d'achat des ménages à partir de janvier prochain. Le gouvernement, lui, semble convaincu de la nécessité de faire face au déficit budgétaire qui se creuse davantage, en recourant au portefeuille du citoyen. Ce dernier doit donc se préparer à serrer encore plus la ceinture, car les nouvelles taxes prévues mettront davantage les Algériens sous pression. S. S.