L'Iran met l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) sous pression. A deux jours de la rencontre devant réunir les membres de l'Organisation avec un certain nombre de producteurs non OPEP, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, estime que son pays pourrait augmenter la cadence de sa production dans les deux mois et qu'il n'attendra pas la permission de l'OPEP pour le faire. C'est en marge d'une conférence sur le pétrole, tenue à Téhéran, que Bijan Zanganeh a indiqué aux journalistes que l'Iran pourrait «augmenter sa production de 500 000 barils/jour dès que l'accord sur le nucléaire sera implémenté». Avant d'ajouter que cela devrait intervenir «dans les deux mois». Selon les propos rapportés par l'agence américaine Bloomberg Journal, l'Iran aurait déclaré : «Nous ne chercherons à obtenir la permission de quiconque pour notre production. Nous allons apporter notre production vers le marché qui va l'absorber.» Bloomberg, qui se réfère au responsable de la Société pétrolière nationale iranienne (NIOC), Roknoddin Javadi, rappelle dans ce sens que «six mois après la levée des sanctions, le pays aurait la possibilité d'augmenter l'exportation à un million de barils par jour, afin de récupérer sa part du marché perdue dans le cadre des sanctions». Selon le même responsable, l'Iran vise la production de brut de 4,7 millions de barils par jour en mars 2021 et prévoit de produire 1 million de barils par jour de condensat brut à la même date. Aussi, le ministre iranien du Pétrole a insisté sur le fait que l'Iran ne compte adhérer à toute réduction de la production que lorsque la sienne aura atteint son niveau optimal. Pas de changement de cap dans la stratégie de l'OPEP La déclaration du ministre iranien est loin d'être fortuite, d'autant que celui-ci semble vouloir peser sur les discussions qui devraient intervenir demain dans l'objectif de réduire la production de pétrole dans une proportion devant permettre d'atteindre un prix du baril à 70 dollars, et rappeler ainsi au souvenir de ses collègues de l'OPEP que l'Iran entend maintenir une cadence de croissance rapide de sa production jusqu'à récupération les parts de marché perdues. Des propos qui ne risquent d'ailleurs pas d'apaiser la guerre des prix qui fait rage actuellement pour les parts de marché, d'autant que l'Iran affiche clairement son refus d'endosser le fardeau de la réduction de la production. Une attitude qui a, d'ailleurs, été anticipée par les experts du marché pétrolier, vu que les producteurs du Golfe ne semblent pas envoyer de signaux pour la prise en compte des hausses de productions iranienne, irakienne et libyenne. Certains délégués de l'OPEP ont même déclaré aux agences de presse que le cartel peut modifier son plafond de production actuel de 30 millions de barils par jour, mais seulement pour tenir compte du retour de l'Indonésie au sein de l'Organisation. Un élément qui peut expliquer le scepticisme iranien quant à un changement notable de la stratégie de l'OPEP qui se traduirait par une décision forte à l'issue de la prochaine réunion prévue à Vienne le 4 décembre prochain. C'est ainsi que Bijan Zanganeh a déclaré au journaliste ne pas prévoir de changement au cours de cette réunion. Il estime, cependant, que «les prix actuels du pétrole qui tournent autour des 50 dollars affectent les membres de l'OPEP». Il affirme que «personne n'est satisfait des prix actuels du pétrole. Il faut que l'OPEP prenne une décision sur le règlement du marché de l'offre et de la baisse de la production». Et d'ajouter que les producteurs seraient satisfaits avec des prix variant entre 70 et 80 dollars, tandis qu'il estime que personne ne songe aujourd'hui à un baril à 100 dollars. Rappelons que l'OPEP a largement dépassé ses quotas de production depuis 16 mois pour atteindre 31,57 millions de barils par jour, alimentant ainsi la surabondance de l'offre sur le marché. Une situation maintenue à dessein par l'Arabie Saoudite qui mène, depuis, une guerre pour ses parts de marché.