L'Opep restait divisée mercredi à la veille d'une de ses plus importantes réunions depuis des années, l'Arabie saoudite écartant toujours une baisse de la production du cartel, tandis que l'Iran appelait à répondre au surapprovisionnement grandissant du marché pétrolier. Tous les experts pensent qu'il y a une surabondance de l'offre sur le marché pétrolier, et l'an prochain il sera encore plus surapprovisionné, a déclaré mercredi le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, à son arrivée dans la capitale autrichienne. Les cours du pétrole brut ont chuté de plus de 30% depuis le printemps, tombant à leurs plus bas niveaux depuis quatre ans, en raison d'un déséquilibre grandissant entre l'offre et la demande. D'un côté, la production mondiale a gonflé avec l'envolée de l'offre américaine de pétrole, grâce à l'exploitation de ressources non conventionnelles, comme le pétrole de schiste. De l'autre, les prévisions d'augmentation de la demande planétaire d'or noir ont été revues à la baisse ces derniers mois, en raison notamment de l'affaiblissement de la croissance dans des zones de consommation majeures, comme l'Europe et la Chine. Dans ce contexte, M. Zanganeh a souligné que nous devons discuter, confronter nos vues et prendre une décision pour contrôler le marché. Parler avec les non membres En outre, pour gérer cette situation, nous devons avoir une contribution des pays producteurs hors-Opep, a-t-il ajouté, au lendemain d'une réunion entre les ministres du Venezuela et de l'Arabie Saoudite, deux pays Opep, avec ceux de la Russie et du Mexique, deux Etats non membres du cartel. Si aucune baisse coordonnée de production n'avait étét décidée lors de ces discussions à quatre, les quatre pays avaient convenu de se réunir de nouveau en février, et la compagnie publique russe Rosneft avait annoncé dans la foulée une baisse symbolique de sa propre production (25.000 barils par jour seulement, une goutte d'eau pour la Russie qui produit près de 11 millions de barils par jour). Il faut tenter d'améliorer les cours autant que possible en tenant compte de la nouvelle situation du marché, avait déjà plaidé M. Zanganeh il y a dix jours, après des entrevues avec le Venezuela, partisan affiché d'une baisse coordonnée de la production. Mais l'Opep reste divisée sur l'attitude à adopter face à la baisse des cours. Les ministres des douze Etats de l'organisation doivent revoir jeudi à Vienne leur plafond collectif de production, figé depuis trois ans à 30 millions de barils par jour, soit près du tiers du pétrole brut extrait quotidiennement dans le monde. Mercredi, le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al-Nouaïmi, a ainsi laissé entendre qu'il allait défendre une reconduction du plafond de l'Opep, douchant les espoirs d'une diminution du plafond. Mieux respecter le plafond Le marché finira bien par se stabiliser, a-t-il lancé à des journalistes, selon des propos rapportés par l'agence Dow Jones Newswires. Compte tenu de ces déclarations, il n'y a plus beaucoup de chances qu'une réduction de la production soit décidée lors de la réunion de l'Opep, ont commenté les analystes de la banque Commerzbank. Mais faute de s'entendre sur une telle mesure, l'Opep, dont la production effective dépasse nettement ce plafond, pourrait au moins s'engager à l'appliquer avec plus de discipline, ont-ils pronostiqué, expliquant que les propos du ministre saoudien corroborent notre opinion selon laquelle l'Opep se contentera simplement de mieux respecter son plafond actuel. En octobre, l'Opep a produit au total 30,6 millions de barils par jour, d'après les calculs de l'Agence internationale de l'énergie, et 30,3 millions selon d'autres estimations citées par le cartel. Dans ce contexte, les prix du pétrole restaient mercredi proches de leurs plus bas niveaux en quatre ans atteints récemment. A Londres, le baril de Brent était en hausse de 39 cents à 78,72 dollars vers 10H40 GMT, tandis que le baril de brut léger américain (WTI) regagnait 15 cents à 74,24 dollars, après avoir touché la veille un nouveau plus bas en clôture depuis 2010.