Le travail de la presse culturelle et le traitement de l'information culturelle sont rarement discutés en Algérie. Hier, au palais de la Culture Moufdi Zakaria, à Alger, le ministère de la Culture a fait appel à des professionnels et des universitaires pour débattre de ce thème, désigner les faiblesses et proposer des solutions. Achour Cheurfi, Salim Boufendassa, Youcef Saïah, Rabah Belatrech, Nacerddine Layadhi, Ameziane Ferhani et Samil Meftah ont abordé la question de la couverture de l'actualité culturelle et artistique sous plusieurs angles. Tous les intervenants ont souligné la nécessité d'améliorer la formation des journalistes qui interviennent dans le domaine de la culture et évoqué la faiblesse de la critique artistique, le désintérêt des chaînes de télévision privées par rapport à l'actualité culturelle et la marginalisation des rubriques culturelles dans certaines publications. «Certains journaux consacrent tout l'espace nécessaire à la culture et suivent d'une manière sérieuse et professionnelle l'actualité culturelle. D'autres sacrifient les pages culturelles au profit d'autres réservées à des produits de consommation. C'est un choix éditorial qu'on ne discute pas. Mais nous souhaitons que la presse contribue au développement et à la promotion de la culture algérienne. Il ne s'agit pas de faire de la propagande, mais de montrer ce qui est bien et ce qui ne l'est pas bien dans l'activité culturelle dans le pays», a soutenu Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture. Il s'est interrogé sur le niveau de professionnalisme et de spécialisation des journalistes qui s'occupent des questions culturelles. Hamid Grine, ministre de la Communication, a, pour sa part, évoqué la qualité des journalistes culturels. «Je vous le dis franchement, je n'ai pas vu beaucoup de qualité. Je parle en tant qu'auteur. On lit la quatrième de couverture et on écrit un article sur un livre. Si l'on aime l'écrivain, on fera de bons articles, et si on ne l'aime pas on en fera de mauvais. J'ai eu droit à un traitement commercial. Certains journaux ont rarement présenté mes livres parce que pour eux j'étais le responsable du budget publicitaire de l'opérateur (Djezzy). Il y a des vérités amères que je dois dire en tant que ministre. Il y a encore un long chemin à faire. Et ce n'est pas une question de formation. C'est une question de talent, de passion et de niveau. On ne peut pas être un journaliste culturel si l'on ne lit pas chaque semaine un livre et on ne pas voit un film», a-t-il dit avant d'ajouter : «Je ne suis pas sévère, je suis lucide. Je ne me contente pas de penser, je vois.» Pour Azzeddine Mihoubi, la formation doit se faire sur le terrain. «Un jeune journaliste culturel doit avoir un carnet d'adresses de romanciers, de cinéastes, de poètes, d'artistes-peintres… Il doit avoir un réseau de connaissances et de relations pour accéder. Il faut aller chercher l'information et ne pas l'attendre», a-t-il conseillé. Azzeddine Mihoubi a annoncé l'ouverture prochaine d'un portail internet sur la musique algérienne et n'a pas écarté l'idée de créer un centre national des archives culturelles. «Nous travaillons également pour la rénovation du site web du ministère de la Culture qui sera une source d'informations sur toutes les activités du secteur», a-t-il annoncé. Le ministre de la Culture a rendu hommage au romancier égyptien Djamel Ghitany, disparu dimanche 18 octobre. «Ce grand nom de la littérature arabe était un ami de l'Algérie. Il a assisté à plusieurs activités en Algérie, notamment avec l'Union des écrivains algériens», a-t-il dit. Il a salué l'obtention par plusieurs artistes algériens de distinctions à l'étranger, considérant cela comme un motif de fierté pour tout le pays. Il a reconnu la faiblesse en matière de communication pour la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015» et promis d'améliorer la situation. Interrogé sur les textes d'application de la loi sur l'audiovisuel déjà votée par le Parlement, Hamid Grine a annoncé qu'ils seront bientôt promulgués. «Il n'y a pas de délais. Nous allons entamer un certain nombre de réunions avec l'Autorité de régulation. Nous sommes en train de nous pencher sérieusement sur ce problème de l'informel avec comme garde-fous la déontologie, l'éthique et le professionnalisme. Nous avons 43 chaînes, cinq d'entre elles ont des bureaux accrédités. Et je dis bien bureaux, je n'ai pas dit chaînes accréditées. Il y a une nuance de taille. Nous avons été tolérants, larges et généreux avec les 38 chaînes qui travaillent dans l'informel tant qu'elles ne touchaient pas aux symboles de l'Etat. Mais, très bientôt, nous allons étudier au cas par cas ce phénomène. En principe, ces chaînes n'ont pas droit de cité dans le paysage actuel dès lors qu'elles sont informelles et qu'elles n'ont pas de journalistes accrédités», a souligné le ministre de la Communication. Les chaînes «informelles» seront-elles fermées ? «Je n'ai pas dit cela. Nous allons étudier les dossiers avant de décider», a-t-il répondu.