Chaque année, chacun s'aperçoit que le mois de Ramadhan est un mois particulier. Il ne ressemble ni à un mois de travail ni à un mois de vacances. Il n'est pas férié, mais n'est pas non plus celui du zèle professionnel, dure un mois mais pas vraiment, débute par un doute et se termine par une incertitude. C'est surtout le mois des paradoxes, un mois où tout le monde est fatigué alors que personne ne fait d'effort. Les voleurs sont sur les dents, ce qui explique la hausse des agressions pendant ce mois. « Pourquoi attendre le Ramadhan pour voler ? », a innocemment demandé une jeune fille pieuse à la sortie de l'école. « Parce que justement, le jeûne a un effet négatif sur l'attention des victimes », a répondu un vieux médecin laïque. Les victimes sont donc des jeûneurs, ils iront au paradis. « Pourquoi attendre le mois de Ramadhan pour jouer aux jeux d'argent, ce que ne font pas ces joueurs de loto, cartes et dés le reste de l'année, en sachant que les jeux d'argent sont proscrits par l'Islam, a fortiori pendant le mois de Ramadhan ? », s'est demandé ce vieil homme pieux à la sortie du taraouih. « Parce que », a répondu ce jeune médecin chinois en poste à Alger. Les gens sont plus intolérants avec ceux qui ne jeûnent pas, alors que le mois de Ramadhan est celui du pardon et de la bonté. Les gens mangent plus que d'habitude alors que c'est un mois de privation, travaillent moins que d'habitude alors que c'est une période d'abnégation et paraissent moins sages alors que c'est un mois de spiritualité. Le paradoxe des paradoxes ? A présenter à Djaâboub, ministre du Commerce : les vendeurs de fruits et légumes augmentent leurs prix, grand paradoxe économique puisque si les gens achètent beaucoup plus que d'habitude, les prix devraient baisser selon la logique du marché. Mais qui a dit que l'Algérie suivait une logique de marché, voire une logique tout court ?