L'université des Frères Mentouri a organisé, les 14 et 15 octobre en cours, pour la première fois, les journées des campus numériques francophones partenaires (CNFP). Selon le vice-rectorat, l'objectif de ces journées est de permettre le partage des expériences entre les différents partenaires des trois pays du Maghreb en mettant en valeur les efforts fournis par chaque CNFP dans la promotion des Technologies de l'information et de la communication (TICS) au service de la recherche et de la formation universitaires. Pour la vice-recteur de l'université Constantine 1, Nadia Yekhlef, chargée des relations extérieures et des manifestations scientifiques, «ce colloque vise l'échange des expériences entre les pays du Maghreb et la présentation des travaux réalisés dans ce contexte». Et d'ajouter que le bureau de l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) Maghreb soutien financièrement l'université de Constantine depuis 5 années. Et ce n'est pas tout. Selon la même responsable, le bureau assure l'organisation de quatre sessions/an au profit des encadreurs et des étudiants à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Ces formations portent sur les techniques de la numérisation et sur d'autres programmes qui répondent aux besoins en la matière de l'université Constantine 1. Cette manifestation pédagogique s'est tenue sur le campus Ahmed Hamani, communément appelé Zerzara, et a vu la participation d'expertes venus de la Tunisie et du Maroc. La directrice du bureau de l'Agence universitaire de francophonie Maghreb, Mme Christina Robalo-Cordeio était également présente. L'ensemble des participants s'est attelé à proposer des actions plus performantes pouvant être ajoutées aux actions déjà menées dans le cadre des grands axes du programme de l'AUF. L'université de Constantine a présenté un exposé autour de ses expériences dans le domaine de la numérisation et celles acquises auprès de certains bureaux de la francophonie. AGENCE UNIVERSITAIRE DE LA FRANCOPHONIE Fondée en 1961 à Montréal, l'agence universitaire de la francophonie (AUF) est une association regroupant près de 800 institutions d'enseignement supérieur et de recherche dans 100 pays, dont 59 membres ou observateurs de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Présente sur tous les continents à travers ses huit bureaux régionaux et une délégation, ses 65 implantations dans 40 pays, l'AUF est l'opérateur de la francophonie institutionnelle pour l'enseignement supérieur et la recherche depuis 1989. L'AUF propose plusieurs programmes de coopération soutenant la recherche et la formation en français. Elle favorise la mise en place de réseaux francophones et met à la disposition des étudiants, professeurs et chercheurs un important programme de mobilité qui se traduit par 2000 bourses en moyenne par année. Ces dix dernières années, l'AUF a connu une période de développement sans précédent, avec une augmentation de plus de 50% du nombre de ses membres, ce qui illustre sa notoriété dans les milieux universitaires, peut-on lire sur son site internet. L'Algérie n'est pas membre de l'organisation de la Francophonie, mais a contrario l'université des Frères Mentouri est bel et bien membre du bureau de l'AUF.Son rapport étroit à la langue française ne lui dénie toutefois pas le droit de s'ouvrir sur les autres langues. Les responsables se penchent actuellement sur le projet d'introduction de l'allemand, du chinois, de l'espagnol et l'italien dans les programmes de langues intensifs. D'ailleurs, l'éventualité d'un jumelage avec l'université du Michigan (Etats-unis) a été abordée il y a tout juste un mois. Et c'est la preuve probante de cette ouverture. Pour rappel, l'ambassadrice américaine à Alger, Joan A. Polaschik, en visite à Constantine en septembre dernier, n'a pas trouvé d'inconvénient au jumelage des deux universités. Il serait fort probable qu'un partenariat à cet effet puisse être scellé dans les mois à venir. UNE LANGUE EN RETRAIT ? L'AUF dispose de 37 campus numériques francophones consacrés au numérique et cinq instituts chargés de la formation, la recherche, le conseil et l'expertise. Pour ses responsables, la francophonie universitaire s'avère être un enjeu majeur en termes de rayonnement international. Sa directrice est venue conforter cette idée. Christina Robalo-Cordeio a souligné l'intervention de son agence de par le monde. Selon elle, son organisme soutient plusieurs programmes d'ateliers autour de la modernisation de la gouvernance dans les universités et le renforcement de la langue française. Une présence dans au moins 100 universités sur les cinq continents où le financement d'un seul projet de recherches peut atteindre 20 000 euros. Le relatif retrait de la langue française face à l'anglais est une préoccupation pour le bureau, selon les déclarations de sa représentante. Mais point d'alarmisme. La langue de Molière, si elle est supplantée par endroits par celle de Shakespeare, elle n'est pas non plus en complète récession. Si on prend le cas de l'Algérie depuis l'arabisation de l'université dans les années 1970, hormis la médecine, très peu de filières sont dispensées en langue française. L'enseignement dans cette langue a certes régressé, mais il n'a pas disparu pour autant. Consciente de cette fluctuation, l'AUF a désigné un expert pour étudier la question et présenter un rapport détaillé sur «l'état de la langue française» dans les universités du Maghreb afin de pallier la situation. A la lumière de ces résultats, il sera dégagé un soutien financier conséquent, soit une motivation de taille pour encourager les projets de recherches en français, à en croire les déclarations de la directrice à la presse. Dans cet esprit, une réunion a eu lieu, lundi dernier, à Casablanca au Maroc, regroupant 30 chefs de département du «français» dans l'ensemble des universités du Maghreb. L'objectif est l'évaluation de cette langue et ses perspectives dans un monde numérique dominé par une terminologie anglo-saxonne.