L'imposante bâtisse de la cour de justice, située à Bouhraoua, sur les hauteurs de la ville de Ghardaïa, a été encerclée par un important dispositif des forces de sécurité dès la première heure, alors qu'un cordon d'agents des éléments antiémeute était aligné devant la porte d'entrée de la salle d'audience où devait être prononcé le verdict de l'affaire dite des incidents de la 46e édition de la Fête du tapis de Ghardaïa. Une affaire dans laquelle ont été jugés Kameleddine Fekhar et ses 6 compagnons. Le procureur de la République avait requis 5 années de prison ferme pour les inculpés. La cour a confirmé les peines prononcées en première instance par le tribunal de Ghardaïa le 19 novembre 2013, à savoir une année de prison ferme pour Kameleddine Fekhar et 6 mois de prison ferme pour ses 6 compagnons. Lors de l'audience, Kameleddine Fekhar, toujours en prison, est apparu blême et amaigri ainsi que ses deux compagnons, la tête baissée et sans un regard pour leurs proches ni leurs avocats. Les prévenus ont été défendus par un collectif d'avocats, dont Me Ahmime Noureddine, du Réseau algérien de défense des droits de l'homme, et Me Salah Dabouz, avocat de la LADDH, inscrit au barreau d'Alger. Le procès, qui devait initialement se dérouler le 5 octobre, a été reporté au 19 du même mois et le verdict a été prononcé mardi. Que leur reproche-t-on ? Ils sont accusés d'«atteinte à l'emblème national», de «dégradation de biens publics», d'«attroupement sur la voie publique», de «voie de fait sur la force publique» et d'«incitation à l'émeute». En effet, le 26 mars, alors que des centaines de citoyens, dont beaucoup sont venus de diverses régions du pays pour assister aux festivités d'ouverture de la 46e édition de la Fête du tapis, le Dr Kameleddine Fekhar et ses 15 compagnons militants locaux de la LADDH ont investi la tribune officielle quelques minutes avant l'ouverture pour, selon eux, «dénoncer une dilapidation des fonds publics dans des fêtes inutiles». Leur irruption sur la grande estrade leur a valu une arrestation musclée et des poursuites judiciaires. Ces arrestations ont été suivies de violents affrontements entre jeunes des quartiers de la vieille ville et forces antiémeute, causant d'importants dégâts.