Au CFPA de Haï El Badr, jadis fleuron de la formation professionnelle, existent encore des spécialités indispensables pour l'économie nationale et très avantageuses pour les apprentis. Electricité-bâtiment est un domaine porteur dans un pays en chantier. Rares sont les jeunes qui le savent. Pourtant, une formation d'un an peut changer leur vie. L'électricité bâtiment est un métier d'avenir. «J'ai interrompu mes études en 1er année secondaire et j'avais besoin d'un diplôme pour pouvoir décrocher des marchés, alors je me suis inscrit ici», raconte Mansouri Mohamed, apprenti en électricité bâtiment au centre de la formation professionnelle de Haï El Badr à Kouba. A 20 ans, le jeune homme a déjà roulé sa bosse. « J'ai travaillé comme aide électricien avec un voisin pendant deux ans. ça rapporte beaucoup d'argent et j'ai vu que nos électriciens sont mal organisés. Alors, j'ai décidé de me lancer dans le métier», ambitionne-t-il. Avec un matériel sommaire — une simple trousse à outils comprenant essentiellement un tournevis, une pince et un voltmètre —un électricien volontaire gagne très bien sa vie : 300 DA pour l'installation d'une prise électrique, 1200 DA pour celle de lampes LED et 7000 DA pour la mise en place d'une installation maison simple allumage. La journée rapporte gros. «On effectue l'installation électrique d'un jacuzzi à 4000 DA. Les interphones sont un bon marché également où on facture par métrage et selon le standing de l'habitation. Mais alors, la grosse chipa (gratification) c'est la mise en place de stabilisateurs de tension», explique le jeune apprenti sourire en coins devant les yeux écarquillés de ses camarades. Dans un pays en perpétuel chantier où la construction de logements bat son plein, le bâtiment est un secteur porteur. Et la meilleure manière d'en tirer profit reste la formation diplômante dans les spécialités liées au domaine. Le centre de formation professionnelle de Haï El Badr offre la possibilité aux jeunes d'acquérir les bases essentielles du métier électricité-bâtiment. La formation dure une année en mode résidentiel et est sanctionnée par un certificat d'aptitude professionnelle (CAP). «La formation a trait à l'installation, l'entretien et la réparation de tout ce qui est électricité domestique et ménagère», précise l'adjoint technique et pédagogique du directeur du centre. Eclairage domestique, matériel ménager domestique et installation d'électricité industrielle sont les principaux modules enseignés aux apprentis. «Nous avons également un module appelé hygiène et sécurité où l'on enseigne les mesures de sécurité», informe Benmira Djamel. «Couper le compteur, installer la prise de terre et porter la tenue complète de sécurité», récite un apprenti. Dans la salle atelier, de nouveaux équipements sont installés. «Ces tables de câblage ont été importées de Tunisie. Vous voyez, avant les apprentis réalisaient ces panneaux dans nos ateliers. On peut les faire au lieu de les importer mais, on est devenus fainéants», ricane Benmira. Et de déplorer le recul effrayant du nombre d'apprentis dans le centre : «Avant, on comptait plus de 1200 élèves, aujourd'hui on en a à peine 200.» «Les apprentis sont mal orientés. Ils arrivent parfois au centre sans savoir dans quelle spécialité s'inscrire. Il faut faire un effort dans ce sens», affirme l'enseignante du groupe. «C'est mon oncle qui m'a inscrit dans cette spécialité. Et je sais que c'est un bon métier car j'ai constaté dans mon entourage l'importance d'un électricien, d'un plombier ou d'un maçon», opine un stagiaire. Regard amusé, l'enseignante constate que les apprentis n'aiment pas la partie théorique de la formation. «Ils n'aiment pas lire et écrire. Ils veulent toucher directement les matériaux et pratiquer le métier», affirme-t-elle sous l'œil de l'adjoint du directeur qui regrette l'incapacité du centre à décider des formules d'enseignement. «Les formules sont établies, nous devons juste les appliquer», insiste-t-il. Durant la formation, les apprentis doivent faire un stage pratique de deux mois. Ces stages sont effectués aussi bien dans des entreprises publiques que privées. «On a été instruits pour signer des conventions avec les entreprises. Mais pour le moment, on a seulement réussi à caser nos stagiaires en fonction de nos connaissances. Parfois, ce sont les apprentis eux-mêmes qui trouvent une entreprise qui accepte de les accueillir», déclare Djamel Benmira. Une fois la formation terminée, cette main-d'œuvre qualifiée, tant recherchée sur le marché du travail, voit ses perspectives assurées. «L'avantage avec ce genre de métier, c'est que le diplômé peut travailler directement à son compte. Il peut s'arranger à la journée ou fonder une petite entreprise et entrer dans le marché», assure l'enseignante. «Dans ce genre de formation, on apprend aux jeunes 80% du métier. Pour acquérir le reste, rien ne vaut quelques années de travail sur le terrain. C'est la pratique quotidienne qui fait d'eux de bons électriciens en bâtiment», affirme l'adjoint du directeur, une manière de dire qu'un métier s'apprend à l'usure.