Le projet de seconde ligne de ciment dont il a été question, depuis quelques années, à Béni-Saf est en voie de concrétisation. 36 millions de dinars ont déjà été dépensés pour la préparation d'un terrain d'assiette situé dans l'enceinte de l'actuelle cimenterie puisqu'il est question d'extension des capacités de production de cette dernière. Selon les dirigeants de la société des ciments de Béni-Saf (SCIBS), elle sera opérationnelle en 2017 et produira 2 millions de tonnes par an, soit 6.000 tonnes/jour, ce qui amènera l'actuelle production de SCIBS à 3 millions t/an. Par ailleurs, et à moins que la consommation nationale de ciment augmente avec le projet de réaliser à l'avenir les chaussées des routes en ciment plutôt qu'en bitume, l'exportation est d'ores et déjà envisagée. On pense tirer profit de la position de l'usine en bord de mer avec un port à proximité, un port qui a été auparavant port commercial et qui ne demande qu'à le redevenir. Rappelons qu'en juillet 2007, le partenaire saoudien dans SCIBS avait évoqué l'idée de créer un quai minier au niveau de cette infrastructure. Par ailleurs, il y a également la voie ferrée qui aboutit jusqu'aux portes de la cimenterie ainsi qu'une pénétrante en projet sur l'autoroute est-ouest. Autre perspective qu'ont fait miroiter les présentateurs de la nouvelle ligne de ciment, 1500 emplois seront créés lors des travaux de réalisation dont 400 deviendront permanents une fois l'usine livrée alors que 200 autres seront engagés en sous-traitance. Quel impact sur l'environnement ? Sur le plan environnemental, la nouvelle ligne sera aux normes européennes en matière de dégagement des poussières. Mais, lors de la présentation du projet, rien n'a été dit pour savoir si la nouvelle bande transporteuse, depuis les carrières de matières premières (calcaire, argile, minerai de fer), ne va pas rendre encore plus répulsive l'entrée de Béni-Saf. Par contre, pour ce qui est des émanations de poussière, un nouveau discours a été développé d'autant qu'il y avait urgence à s'expliquer, la direction de l'Environnement ayant révélé, de source sanitaire, la démultiplication des cas d'asthme et de baisse de l'acuité visuelle chez les Béni-Safiens. Le PDG, la main sur le cœur, a clamé qu'il n'y a plus d'émanation de ciment, «la matière la plus dangereuse pour la santé», mais seulement quelques sporadiques rejets de poussière de calcaire et d'argile, dite «le cru» par abréviation de «matière crue», jugée moins nocive. «Nous avons fait appel à des experts étrangers pour nous proposer une solution moins ruineuse financièrement que celle d'arrêter l'usine pendant 40 jours afin d'installer un filtre à manche. Une étude a été finalisée et des crédits ont été mobilisés. Il ne reste plus que l'aval du conseil d'administration pour que le cahier de charges soit validé et que l'appel d'offres soit publié. C'est une affaire de neuf mois pour que cesse définitivement toute émanation dans l'atmosphère». Faut-il croire cette dernière promesse, bien d'autres à ce propos n'ayant pas été tenues en raison, en particulier, de divergences gardées secrètes entre le partenaire saoudien minoritaire mais qui a la haute main sur la gestion de l'usine et le propriétaire majoritaire, le groupe public Giga.