Qui représente les associations de jeunes, quels sont leurs programmes réels, constituent-elles la société civile, où va leur argent ? Autant de questionnements qui taraudent l'esprit des citoyens dont les solutions à leurs préoccupations quotidiennes ne sont pas perceptibles. Exerçant diverses activités, de manière bénévole, officiellement, ces associations dont le nombre est difficilement calculable, se résument le plus souvent à un staff très réduit. Quant aux jeunes, ils ne sont représentés, dans la majorité des cas, que par leurs noms dans un procès- verbal à peine dépoussiéré. « Comme il est aisé de former une association. Des jeunes d'un quartier, d'une cité ou d'un village -le vent en poupe au début- se réunissent autour d'objectifs, puis se retournent vers les APC et les structures de l'Etat pour obtenir des subventions. Fougueux, ils participent aux activités circonstancielles, ensuite, ils retombent dans la routine et l'apathie. Le groupe se désagrège, alors, petit à petit et on se retrouve face à des associations fantômes auxquelles on fait appel uniquement durant les fêtes nationales ou autres événements locaux », opine un président d'association qui en a plein sur le coeur. Financées par les pouvoirs publics, ces organisations de masse sont automatiquement liées aux desiderata et « exigences » des daïras et communes. « C'est exact, pourquoi se le cacher, la plupart des responsables d'associations, pour des intérêts personnels, deviennent les sbires des autorités locales. Au lieu de défendre les intérêts des jeunes, ils se rangent du côté des responsables locaux », renchérit notre interlocuteur qui se dit marginalisé parce que les autorités voient mal le fait qu'il les « embête » avec ses doléances concernant la situation culturelle déplorable de sa ville. Contrôle inexistant « Si ces associations qui, soi-disant forment la société civile, avaient une quelconque crédibilité, un quelconque pouvoir, jamais il n' y aurait eu d'émeutes dans nos villages et nos villes », affirme un autre membre d'association. Remarquez que tous nos interlocuteurs se confessent sous le sceau de l'anonymat. « Ce sont des moutons de Panurge et nous en faisons partie parce qu'il n' y a pas d'autre alternative, le pays est ainsi conçu », indique un musicien dont la composante de l'association a été suggérée par un chef de daïra. C'est ce qui explique que celles qui « osent » encore organiser une assemblée générale (plusieurs ne l'ont pas encore renouvelée et donc activant dans l'illégalité), elles le font en catimini et avec des « instructions d'en haut ». Quant aux subventions étatiques, même si les pouvoirs publics n'en donnent presque plus depuis quelques années (si l'on excepte, entre autres, les associations sportives), celles dont elles avaient bénéficié n'ont jamais fait l'objet d'un contrôle ou d'une enquête. La notion de l'argent du contribuable est perçue différemment selon les interlocuteurs. Alors, quel rôle joueraient ces associations de jeunes ? « Quelque part, on a besoin de nous, même si ce n'est pas pour les objectifs assignés dans nos programmes. » Un aveu qui fait frémir. Mais, est ce une exclusivité ?