Il est indéniable que le mouvement associatif s'est développé d'une manière effrénée, notamment ces dernières années. Les associations, ayant vu le jour, ne se comptent plus, mais leur impact sur le terrain n'est pas encore perceptible pour des raisons liées souvent à l'appréhension de leur rôle par les décideurs, mais aussi à l'idée que se font les leaders du mouvement associatif de leurs organisations. L'expérience a montré que beaucoup d'associations ont occulté les raisons mêmes à l'origine de leur création, pour se reconvertir en demandeurs de locaux, de logements et autres subventions. Ces préoccupations les ont éloignées, à quelques exceptions près, les empêchant de s'impliquer dans la vie de la collectivité, ternissant leur image de marque, au point où la suspicion est jetée sur l'ensemble du mouvement associatif. L'irruption, sur la scène locale de l'association dite Bled El Anneb, risque de bouleverser cette donne si son projet venait à trouver un écho auprès des élus et des gestionnaires de la commune. La détermination de ses « promoteurs » de changer le cours des choses, en refusant de rester en marge de ce qui se fait dans leur environnement immédiat, est d'autant plus réelle que leur implication est accompagnée de propositions concrètes, pouvant améliorer le cadre de vie de la cité, lequel se détériore d'une manière inquiétante. Leur projet a été présenté la semaine dernière et consiste à contribuer à l'amélioration des conditions de vie dans l'espace urbain, complètement défiguré par l'activité informelle, et particulièrement par celle des marchés parallèles des fruits et légumes qui prolifèrent à travers tous les quartiers avec les conséquences que l'on sait sur l'environnement. L'initiative est d'autant plus louable que le projet est également porteur de solutions au problème du chômage, sévissant à Annaba depuis la liquidation de nombre d'entreprises locales et les licenciements massifs des travailleurs « pour des raisons économiques ». L'association en question, qui semble s'inspirer des principes de la démocratie participative, suggère la création de marchés de proximité pour endiguer le phénomène de l'économie informelle et partant, une autre gestion de l'espace de la collectivité. C'est autant dire que cette association entend s'investir dans l'acte citoyen au sens propre du terme, lequel est un travail de longue haleine, se heurtant souvent aux pratiques bureaucratiques. C'est peut-être là un aspect important à intégrer dans la formation initiée par le ministère de l'intérieur et des collectivités locales au profit des maires, concernés plus que tous les autres intervenants par la gestion des communes et des rapports incontournables avec la société dite civile. La culture du réflexe de communication est un préalable pour prétendre gérer, sans heurts, les affaires de la collectivité.