La France a aujourd'hui la lourde tâche de reconquérir ses marchés au Maghreb. L'année dernière, elle avait fait des mauvaises performances en Algérie où ses parts de marché étaient tombées à 60% au lieu de 85% en moyenne. C'est ce qu'a indiqué, jeudi, un expert de France Export Céréales, l'organisme chargé de promouvoir l'exportation des céréales françaises et de conquérir de nouveaux marchés. Un autre organisme, l'établissement national des produits de l'agriculture et de la mer (France AgriMer), précise que la campagne de moissons 2015 «démarre avec des fondamentaux en baisse» dans une conjoncture caractérisée par une offre abondante et une demande en demi-teinte, «augurant ainsi une concurrence exacerbée sur le marché». Les rapports (offre et demande) établis par le Conseil international des céréales (CIC) prévoyant une hausse la production mondiale à 726 millions de tonnes, ont provoqué, aussi, une pression sur les prix à l'international, avec un resserrement des prix entre les différentes origines, expliquent les spécialistes de FranceAgriMer. «C'est la guerre des prix : les prix français sont au coude à coude avec les origines mer Noire et l'écart entre prix allemand et français se resserre», précisent-ils. Côté concurrence, la France semble perdre sa position «d'origine majoritaire», puisque des pays comme la Roumanie, l'Allemagne, la Pologne et la Lituanie se positionnent de plus en plus fort, notamment sur les marchés de l'Asie et du Maghreb. Le blé français n'est pas au même niveau que les années précédentes, en raison d'une qualité de moins en moins bonne, explique-t-on encore. «On sent en effet monter une pression sur la qualité. Le GASC, l'organisme public égyptien, a fait part de l'éventualité d'augmenter à 12,5 % le taux de protéines dans ses appels d'offres», affirme France AgriMer. En Algérie, la campagne céréalière 2014/2015 a été très difficile pour le blé français, puisque durant les 11 premiers mois, le pays n'en a importé que 4 millions de tonnes contre 7,1 millions de tonnes à la même période de l'an passé. «Cette baisse est particulièrement flagrante et l'Algérie a dû diversifier ses sources d'approvisionnement pour satisfaire aux exigences de son cahier des charges en raison de la baisse du disponible français», explique un spécialiste de France AgriMer, précisant que «l'Algérie s'est tournée vers l'Allemagne, la Suède, la Pologne et le Royaume-Uni pour ses approvisionnement en blé tendre». Notons que l'Algérie demeure, avec l'Egypte, l'un des plus grands importateurs de céréales au monde. Les importations de blé ont crû en volume et en valeur durant les cinq premiers mois de 2015, dans un contexte marqué par des baisses significatives des différents produits, notamment les médicaments, les matériaux de construction et l'automobile. La facture globale d'importation des céréales a atteint 1,65 milliard de dollars durant les cinq premiers mois de 2015.