Le blé français perd sa primauté sur le marché algérien. Miné par une mauvaise saison, le blé de l'Hexagone ne suscite plus le même appétit en Algérie. Les exportations françaises vers l'Algérie ont en effet baissé de près de la moitié. Les statistiques de l'établissement public FranceAgriMer font état d'une baisse de 41% des exportations françaises de blé vers l'Algérie trois mois après le début de la saison de commercialisation 2014-2015. Ainsi entre juillet et octobre 2014 l'Algérie n'a importé que 1,3 millions de blé issu de l'Hexagone, contre 2,2 millions de tonnes à la même période une année auparavant. Bien que les producteurs de l'Hexagone aient réussit à compenser le manque à gagner en réorientant leurs cargaisons vers d'autres marchés à l'image de l'Egypte, ou des clients moins traditionnels tels que la Thaïlande, ceux-ci accusent un recul global de leurs exportations de 9%. Il faut dire que le blé français perd cette saison l'un de ses plus gros clients. L'Algérie achète 80% de ses céréales auprès de fournisseurs français. Cependant, un été pourri marqué par des intempéries et le froidont gâché les récoltes céréalières en France, avec moins de blé meunier pour le pain et plus de blé fourrager pour l'alimentation du bétail. Si FranceAgriMer est revenu il y a quelques semaines à la charge afin de mettre en avant, études à l'appui, les qualités du blé hexagonal, celles-ci ont été mises en doute, notamment pour ce qui est de sa teneur en protéines. Pour compenser, la France avait décidé d'importer du blé d'Ukraine et de le mélanger aux cargaisons livrées à ses clients. Un procédé qui n'a d'ailleurs pas été apprécié côté algérien. C'est ainsi que l'Office interprofessionnel des céréales (OAIC) avait interpellé ses fournisseurs, les avertissant qu'il refusait toute cargaison d'origine mixte. S'appuyant sur les clauses du cahier des charges, l'OAIC avait décidé de ne pas prendre possession de ce type de livraisons. L'Office s'est également appuyé sur l'un des critères de qualité du blé, à savoir l'indice de Hagberg qui détermine la teneur en protéines, critère qui pose d'ailleurs problème pour les récoltes françaises. Le ministre de l'Agriculture et du développement rural, Abdelwahab Nouri, avait d'ailleurs précisé à plusieurs reprises que l'Algérie était très exigeante sur la qualité du blé meunier qu'elle importait et qu'il fallait que les fournisseurs respectent les règles et les clauses du cahier des charges. Coup dur donc pour les fournisseurs de l'Hexagone, ceci d'autant que le marché algérien, au-delà de son importance, pèse par son potentiel de croissance. L'Algérie a importé 5 millions de tonnes lors de la saison 2012-2013 et 6,5 millions de tonnes durant la saison 2013-2014. La tendance est toujours à la hausse, vu qu'au premier semestre 2014, les quantités de blé importé ont progressé 15,16%, passant de 3,173 millions de tonnes en 2013 à 3,655 millions de tonnes cette année. Aussi, l'Algérie a lancé, ces dernières semaines, plusieurs appels d'offres pour des cargaisons de blé livrables en janvier et février 2015. Cependant, l'OAIC a préféré, cette fois, s'orienter vers des fournisseurs de la Baltique, de Pologne et d'Allemagne.