Entre un essai, un roman ou un ouvrage didactique, le pamphlétaire Mein Kampf (Mon combat) du dictateur génocidaire dépassant tout entendement humain s'est vendu comme des petits pains au SILA 2015. Entre 1500 et 2000 exemplaires écoulés. Une curiosité, un tabou, le contexte géopolitique au Moyen-Orient, la nouvelle Intifada... autant d'éléments motivant ce frénétique achat et découverte tardive de Mein Kampf. Car Mein Kampf a été écrit par Adolf Hitler entre 1924 et 1925 pendant sa détention à la prison de Landsberg. Il s'agit d'une traduction de Akram Mouamin en arabe intitulée Kifahi (Mon combat) paru aux éditions Dar El Houda en 2015, en Algérie. Et l'ISBN (délivré par la Bibliothèque nationale) en est la preuve patente. Alors qu'il figure dans la liste des 106 livres interdits au SILA par la commission de contrôle pour apologie à la haine, violence, racisme, antisémitisme, terrorisme et autres djihad. Un ouvrage de reliure d'art comptant 541 pages au prix très bon marché : 850 DA. Alors que Mein Kampf dans ce format pourrait coûter au moins 1500 DA. En compulsant Kifahi, l'on découvre la littérature mortifère, antisémite, hégémonique, aryenne et surtout nazie d'Adolf Hitler. Et tout ce qui est relatif aux juifs est consigné en gras, pour le mettre en évidence et de surcroît les intertitres sont ponctués de la croix gammée (swastika) : «Ma méfiance envers les juifs date depuis ma prime enfance, à l'école… Mais l'étonnement qui ne m'a jamais quitté portait sur leurs activités… Il existait un grand mouvement, appelé le sionisme, qui se propageait entre eux. Son but était d'affirmer l'identité juive. Et elle était fortement représentée à Vienne… J'ai découvert qu'ils étaient partout et surtout dans la presse et dans la vie culturelle. Dans l'art, la littérature, le théâtre, le cinéma… Il suffit de voir les affiches et la consonance des noms créateurs plébiscités, et ce, pour soutenir les affaires juives. C'est une épidémie, un venin. Un des leurs peut détruire des dizaines de milliers d'humains… J'ai découvert que tous les penseurs marxistes, les représentants du parti social démocrate au sein du ministère et les présidents d'unions économiques étaient issus du ‘‘peuple élu''… C'est pour cela que je crois ce que je fais aujourd'hui est compatible avec la volonté de Dieu. Alors, je me lève contre les juifs pour défendre ce que Dieu veut…». Adolf Hitler ira jusqu'à qualifier les juifs d'infra-humains. Et puis, le 1er janvier 2016, 70 ans après la mort d'Adolf Hitler, Mein Kampf dont le land Bavière est le détenteur jusqu'à aujourd'hui encore des droits d'auteur, tombera dans le domaine public. Donc, il sera publié par tout éditeur. De front, un ouvrage sorti en 2013 a été très vendu au SILA. C'est celui de Abdelkader Boukhamkham, l'un des cadres dirigeants du parti dissous, le FIS (Front islamique du salut), intitulé El Hakika oua Tarikh (La vérité et l'histoire) paru aux éditions Dar Noaâman, et ce, à 400 DA pour un livre relié. Une compilation d'entretiens de Abdelkader Boukhamkham dans les médias nationaux et arabes préfacée par Ali Belhadj, l'un des fondateurs de l'ex-FIS où il réitère «la légitimité» du parti dissous et revient sur sa «victimisation».