Jean-Louis Borloo, président de la fondation Energies pour l'Afrique, est attendu aujourd'hui à Alger pour une visite de deux jours, au cours de laquelle il présentera son plan pour l'électrification du continent africain. L'objectif de cette initiative est de faire passer en dix ans l'électrification du continent subsaharien de 25 à 80%. Pour cela, l'ancien ministre de l'Ecologie propose, en collaboration avec l'Union africaine, de créer une agence intergouvernementale de l'énergie qui serait financée par une «subvention» annuelle de cinq milliards de dollars sur une dizaine d'années et versée par les grands pays développés émetteurs de carbone. La fondation part d'un constat simple : elle estime qu'«aujourd'hui, 650 millions de personnes n'ont pas accès à l'électricité sur le continent et ce chiffre est susceptible de croître de manière significative, car la population africaine doit doubler d'ici à 2050». D'autant que l'électrification de tout le continent africain pourrait constituer un relais de croissance pour l'Europe. «100% d'électrification du continent africain signifie entre 10 et 15% de croissance pendant 15 ans, contre 5% à l'heure actuelle, et 3% de croissance supplémentaire pour l'Europe sur la même période», estime l'ancien ministre de Chirac et de Sarkozy. Au cours de la visite en Algérie de M. Borloo, une série d'entretiens avec de «nombreuses personnalités gouvernementales» sont à son programme ainsi que la tenue d'une conférence devant la communauté diplomatique et des hauts fonctionnaires algériens. Cette visite intervient à quelques jours de l'ouverture de la 21e Conférence mondiale sur le climat (COP21) qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre à Paris, pour laquelle l'Algérie, à l'instar des autres pays, a apporté sa contribution dans un document déposé au secrétariat de la Convention climat de l'ONU. Si l'Algérie se déclare parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique, elle se dit déterminée à «travailler de concert avec l'ensemble des parties contractantes, en vue de la réalisation des objectifs de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)». Mais elle rappelle qu'en tant que pays peu émetteur de gaz à effet de serre, «sa responsabilité actuelle est très limitée». Du coup, l'Algérie réclame l'aide des pays porteurs de cette «dette climatique» et avertit que si elle la reçoit sous la forme d'un accès peu cher aux technologies permettant d'économiser l'énergie, ses objectifs d'émissions resteront faibles. Elle annonce en effet dans son document qu'elle pense pouvoir réduire ses émissions en 2030 de 7 à 22% si elle reçoit les «soutiens en matière de financements extérieurs, de développement et de transfert technologique et de renforcement des capacités».