Dix-huit migrants africains sont morts, hier, dans un incendie qui s'est déclaré dans un hangar à Ouargla. Le centre d'accueil était géré par le Croissant-Rouge algérien (CRA) qui s'occupe de l'accueil et du rapatriement des migrants. «L'incendie s'est produit vers 3h. D'après des bénévoles, il serait dû à un court-circuit qui aurait été provoqué par une explosion de gaz utilisé pour le chauffage. L'enquête est en cours pour en déterminer les causes exactes», a indiqué à El Watan Saïda Benhabylès, présidente du CRA. Aménagé par les autorités locales de Ouargla, le grand hangar, qui accueillait quelque 600 migrants subsahariens «pour éviter qu'ils traînent, sachant qu'il fait très froid la nuit dans cette région du Sahara», signale Mme Benhabylès. «Nous mettons à la disposition des migrants ce site. Nous nous sommes accommodés de leur culture. Les migrants continuaient de préparer, selon leur rituel, leur thé en utilisant des petits réchauds à gaz», précise-t-elle. Le CRA gère des centres ouverts, parfois suite à des initiatives des comités locaux, à travers plusieurs régions du pays : Ouargla, Touggourt, Djanet, Tamanrasset, etc. Mme Benhabylès parle de «spécificité» algérienne dans l'accueil des migrants. «La spécificité de l'accueil en Algérie est que nos centres sont ouverts. Un migrant peut se reposer, se changer, manger et quitter le centre. Ce site de Ouargla peut recevoir, à titre d'exemple, 1000 personnes un jour et n'en contenir le lendemain que 200», signale-t-elle. Des associations ont dénoncé les conditions de prise en charge des migrants, particulièrement dans le nord du pays. Un rassemblement avait été organisé, début octobre à Béjaïa, à l'initiative d'organisations locales pour inciter les autorités à prendre des mesures urgentes afin de «regrouper tous ces réfugiés dans des centres d'accueil et d'écoute, afin d'établir leur recensement et surtout leur redonner leur dignité à travers une prise en charge adéquate». (El Watan du 12 octobre 2015). Quelque 4000 migrants ont été rapatriés depuis 2014. Une opération de rapatriement de Nigériens est en cours et les 600 personnes concernées, parties de Dar El Beïda (Alger), sont actuellement à Tamanrasset. D'autres opérations interviendront dans les prochains jours, à partir de Ouargla et El Oued, précise Mme Benhabylès. «Seuls les migrants nigériens sont concernés par ces opérations menées à la demande de leur gouvernement», signale la présidente du CRA. Mme Benhabylès affirme, par ailleurs, que l'organisation ne s'occupe pas seulement du rapatriement des migrants, mais propose des «solutions durables» pour fixer les populations subsahariennes. «Nous insistons à chaque fois sur la nécessité de prendre en charge les migrants à travers la mise en place de microentreprises. La Suisse a été sensibilisée sur la question puisque l' Organisation internationale pour les migrations (OIM) vient de débloquer 500 000 francs suisses pour aider à l'installation de microentreprises pour les migrants rapatriés», se réjouit la présidente du CRA.