Le représentant du Front Polisario auprès de l'Organisation des Nations unies (ONU), Ahmed Boukhari, a affirmé dans un entretien rendu public hier par l'APS qu'en cas d'«obstination du Maroc à bloquer toute issue pacifique, la direction sahraouie réviserait sa vision stratégique» pour atteindre son objectif, à savoir l'indépendance. Il a indiqué que «la partie sahraouie est prête à entamer les négociations prônées par l'ONU, de par son attachement au règlement pacifique de la question», ajoutant que «le peuple sahraoui est prêt lui aussi à faire face à toute autre option qui lui serait imposée en cas d'échec du règlement pacifique de ce conflit». Le responsable sahraoui a affirmé que «le principal obstacle» qui entrave la relance des négociations autour du conflit sahraoui «demeure l'obstination de la partie marocaine qui avait catégoriquement refusé l'idée des négociations». Comme il a écarté l'éventualité de voir Rabat «adhérer en toute transparence aux efforts de l'ONU» visant à trouver une solution pacifique à la question sahraouie. Ainsi, il a appelé «les responsables marocains à renoncer aux idées expansionnistes», soulignant que «toutes les convoitises expansionnistes qui vont à l'encontre de l'accès du peuple sahraoui à son droit à l'autodétermination seront vouées à l'échec». Un autre appel est lancé au peuple marocain «voisin et frère», l'exhortant à faire pression sur les autorités marocaines pour aboutir au règlement de ce conflit qui dure depuis 40 ans et à refuser «d'être impliqué dans ce conflit». Ahmed Boukhari a, par ailleurs, soulevé la question des violations récurrentes par les Marocains des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés. Question qui préoccupe la direction sahraouie et les organisations internationales des droits de l'homme, à l'instar de Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International. M. Boukhari a également mis l'accent sur les efforts visant à trouver un autre mécanisme de contrôle des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés, à la faveur des visites périodiques des représentants du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, précisant, toutefois, que «la situation humanitaire désastreuse dans les territoires occupés exige un contrôle quotidien et des prérogatives plus élargies». Le 5 novembre, quatre organisations de défense des droits de l'homme, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont dénoncé dans un communiqué conjoint l'arrestation arbitraire de 21 Sahraouis, présumés impliqués dans les événements du Gdeim Izik en novembre 2010. Elles ont affirmé que leurs aveux ont été arrachés sous la torture. La Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) est la seule mission de maintien de la paix sans mécanisme de surveillance des droits de l'homme ; elle se contente ainsi de surveiller un cessez-le-feu conclu en 1991. Entraves Fin avril dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté la résolution portant prorogation d'un an du mandat de la mission onusienne au Sahara occidental, sans pour autant intégrer la revendication sahraouie qui consiste à élargir le mandat de la Minurso à la protection des droits de l'homme. Lors de sa visite, le 6 novembre, dans les territoires occupés du Sahara occidental (El Ayoun), le roi du Maroc, Mohammed VI, avait déclaré que son pays fera face «avec fermeté à toutes les tentatives visant à contester l'exercice de la plénitude de ses pouvoirs sur son territoire» et «il se leurre celui qui attend du Maroc qu'il fasse toute autre concession». L'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a effectué le 23 novembre une visite en Algérie, dans le cadre d'une tournée régionale pour relancer les négociations entre le Front Polisario et le Maroc. Il s'est rendu vendredi dernier dans les camps de réfugiés sahraouis. Le Maroc avait déjà retiré sa confiance à C. Ross en 2012, l'accusant de «partialité», avant qu'il ne reprenne ses efforts diplomatiques en février 2015. Les autorités marocaines ont accusé aussi la Suisse de partialité en faveur du Front Polisario après une lettre adressée par le ministère des Affaires étrangères suisse, le 26 juin dernier, à tous les pays parties aux Conventions de Genève de 1949 sur la protection des victimes de guerre, qui annonce l'adhésion du Front Polisario à cette convention. Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été annexé en 1975 par le Maroc. Le Front Polisario réclame l'indépendance du territoire à travers un référendum d'autodétermination, alors que le Maroc offre une autonomie sous sa souveraineté.