Manifestement, le tribunal militaire s'est tout autorisé pour enfoncer le général Hassan. L'avocat Mokrane Aït Larbi lève le voile sur un procès à huis clos et fait des révélations aussi graves que dangereuses qui renseignent sur un procès pas comme les autres. Il informe l'opinion publique que pour «charger le général Hassan, la justice militaire a convoqué un grand trafiquant qui fait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt». Et, bien évidement, ce témoin à charge est reparti librement. Voilà qui fera peser de sérieux doutes sur le tribunal militaire et sur le procès contre l'ancien patron de la lutte contre le terrorisme. Un grave précédent. Une suprême humiliation devant laquelle l'avocat ne pouvait se taire. Me Aït Larbi est un «avocat en colère» qui brise le huis clos sur un procès qui restera dans les annales. «Quel que soit le risque à prendre, le devoir m'oblige à souligner que pour charger le général Hassan, la justice militaire a convoqué un grand trafiquant qui fait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt et un officier mis en retraite par l'accusé pour des raisons que je ne veux pas évoquer», affirme l'avocat. Une déclaration qui fera date. Me Aït Larbi apporte ainsi une preuve éclatante sur une justice à charge qui ne s'embarrasse d'aucun procédé «illégal», décidée à mettre derrière les barreaux un officier supérieur. L'avocat fait ensuite la démonstration d'une procédure frappée d'irrégularité, jetant ainsi le discrédit sur un procès étrangement «inédit». Dans cette affaire, les droits de la défense «ont été violés» de bout en bout. «Arrêté chez lui à 21h30, le général Hassan est resté sans l'assistance d'un avocat pendant plus d'un mois, non notification des ordonnances pour exercer le voies de recours, refus du procureur militaire de convoquer le général de corps d'armée Toufik, le tribunal qui n'a pas statué sur la demande», énumère-t-il. Ultime irrégularité dans ce procès : «Le jugement à huis clos et la condamnation n'ont pas été rendus en audience publique, en violation des principes élémentaires du Code de justice militaire et du Code de procédure pénale» relève Mokrane Aït Larbi. En définitive, l'avocat du général Hassan dénonce, non sans preuves, «l'absence d'un procès équitable». Il a même fait la parallèle avec un autre procès retentissant qui s'est déroulé à Oran il y a 51 ans, celui du colonel Chaâbani, condamné a mort par la cour martiale avant d'être exécuté lâchement deux heures après le verdict. Aït Larbi prend l'opinion publique à témoin de ce qui s'est passé jeudi au tribunal militaire d'Oran en rappelant que «le peuple algérien sait aujourd'hui pourquoi le colonel Mohammed Chaâbani a été exécuté. Demain, il saura pourquoi le général Hassan a été condamné à huis clos». Mokrane Aït Larbi, au long combat pour les droits de l'homme, plaide pour l'instauration d'une justice indépendante. Il ne cesse de dénoncer les atteintes infligées aux droits de la défense. Le procès du général Hassan restera pou lui l'un des épisodes les plus «ahurissants» de son parcours. Et s'il convoque les procès de la justice coloniale intentés contre les militants indépendantistes, cela montre toute son exaspération. «Je rappelle avec beaucoup de colère que les militants de la guerre de Libération, dont l'héroïne Djamila Bouhired, ont été jugés par le tribunal militaire colonial à l'audience publique avec des comptes rendus dans la presse», s'indigne Me Aït Larbi dans sa déclaration.