Tous les regards seront braqués aujourd'hui sur le tribunal militaire d'Oran où s'ouvre le très attendu procès du général Hassan, de son vrai nom Abdelkader Aït Ouarabi, arrêté au mois d'août et poursuivi pour «destruction de documents» et «infraction aux consignes». Le procès sera-t-il public ? Le général Toufik, ancien patron du DRS et responsable hiérarchique du général Hassan, ex-chef de la lutte antiterroriste au sein de cet appareil sécuritaire, sera-t-il présent au tribunal militaire d'Oran ? Ces deux questions hantent l'esprit des observateurs, d'autant plus que l'avocat de l'accusé, Me Mokrane Aït Larbi, réclame un procès public et la présence du général-major Mohamed Lamine Mediene, dit Toufik, en tant que témoin dans l'affaire, sans pour autant recevoir aucune réponse. «A part que le procès aura lieu aujourd'hui, je n'ai rien à apporter de plus à la question», a indiqué l'avocat. Joint hier au téléphone, l'avocat du général Hassan a précisé que «la loi parle de procès public». «Toutefois, a-t-il ajouté, le tribunal peut ordonner le huis clos qui est une exception». Il nous invite, de ce fait, à attendre l'ouverture du procès pour avoir les réponses à ces deux questions. Cependant, dans ses déclarations précédentes, Me Aït Larbi a estimé «nécessaire de citer le général Toufik comme témoin dans l'affaire du général Hassan, conformément aux articles 131 et 192 du code de justice militaire pour la manifestation de la vérité et le triomphe de la justice». L'arrestation du général a suscité une vague de colère et d'indignation chez ses anciens collègues de l'armée. Il a été arrêté lorsqu'une équipe qui travaille sous son commandement a effectué une mission au sud du pays, récupérant un lot d'armes destiné à la vente aux terroristes. De retour à Alger, les membres de la mission ont été interceptés dans un barrage militaire avant d'être arrêtés, sous prétexte que le haut commandement de l'armée n'a pas été informé de la mission. Depuis sa mise à la retraite par le chef de l'Etat, le général Toufik, qui serait informé de la mission des éléments du général Hassan, dont l'arrestation serait une provocation à son encontre, s'est soumis au devoir de réserve, ne soufflant aucun mot. Cela n'a pas empêché certains acteurs politiques de le soupçonner d'être derrière certaines démarches qui mettent dans l'embarras l'entourage du président. Va-t-il alors défendre son ancien bras droit en matière de lutte antiterroriste, au tribunal militaire d'Oran ? En tout cas, l'avocat de l'accusé estime que «le procureur militaire a l'obligation de convoquer ce témoin (le général Toufik) et le tribunal celle de l'entendre à l'audience. Pour revenir au procès, il convient de souligner que le tribunal militaire est composé de trois membres : un président et deux assesseurs. Lorsque le prévenu est un officier, les assesseurs sont des officiers au moins du même grade que l'inculpé. Et en application des articles 5 et 7 du code de justice militaire, le général Hassan sera jugé par un président «civil» et deux généraux, selon des déclarations de Mokrane Aït Larbi. Le général sera-t-il acquitté comme souhaité par ses défenseurs, y compris les hommes politiques ? «Le général Hassan est présumé innocent et un procès équitable ne pourra conduire qu'à son acquittement», a expliqué, pour sa part, son avocat dans une précision publiée dans le journal El Watan.