Intervenant dans l'émission Panorama de la chaîne de télévision El Arabia dans la soirée d'avant hier, les responsables du FIS dissous, Rabah Kébir, Abdallah Anas et Anouar Heddam ont, globalement, plaidé pour plus de concessions de la part de l'Etat algérien « afin de permettre un nouveau départ pour le pluralisme politique et la libre expression ». Premier à intervenir, à partir de Londres, interrogé sur son appréciation du retour en Algérie de son compagnon Rabah Kébir, Abdallah Anas a « salué le retour de l'individu parmi les siens » tout en déclarant qu' « il n'y a pas de retour au pluralisme politique, de la liberté ». Il recommande en conséquence « une réconciliation globale qui puisse permettre un nouveau départ ». Car « il y a eu des assassinats sous tous les slogans : au nom d'un Etat islamique, au nom de la République et au nom de la famille révolutionnaire » a-t-il dit recommandant de ne pas incriminer une seule partie. Considérant que « Kébir va désormais roder autour du système », il pense que le retour de celui-ci au pays ne peut ni retarder, ni anticiper la compréhension de la nature de la crise algérienne qui est très complexe. Kébir, lui, déclare que son retour « s'est effectué pour consolider la réconciliation nationale qui a besoin d'un énorme travail ». « Nous avons émis des réserves sur bon nombre de points contenus dans le projet de la réconciliation nationale. Mais comme nous luttons pour une Algérie démocratique dans le cadre des préceptes de l'Islam, comme le stipule la Déclaration de Novembre 1954 tout en sachant qu'il ne s'agit pas là d'une tâche aisée, nous avons décidé d'intensifier le combat. Mon retour au pays est un indice politique positif » a-t-il ajouté. Interrogé sur la possibilité de relancer le parti dissous, il répondra par la négative en affirmant : « nous ne souhaitons pas relancer le FIS, même pas sous une autre forme, mais nous réclamons l'ouverture du champ politique » projetant ainsi ses projets politiques à long terme. Plus exigeant, Anouar Haddam, qui s'est dit « étonné de l'interprétation faite du retour de Kébir », a déclaré « souhaiter que ce qu'a fait Bouteflika ne soit qu'un premier pas vers une véritable réconciliation » tranchant qu' « il faut dépasser la solution sécuritaire pour atteindre cette réconciliation ». réfutant l'article 26 de la charte pour la paix et la réconciliation nationale qui fait interdiction d'activité politique pour ceux qui ont fait usage de la religion à des fins politiques, celui qui a revendiqué l'attentat à la bombe contre le commissariat central au boulevard Amirouche à Alger (1995) a déclaré : « nous exigeons plus de précision et d'exactitude sur ce point. Qui sont les personnes visées ? Car pour ce qui nous concerne, nous n'avons jamais exploité la religion à des fins politiques. Nous nous sommes juste appuyés sur les précéptes de l'islam pour combattre l'injustice ». Se prononçant sur son éventuel retour au pays, Haddam a dit qu'il est parmi les premiers à avoir appelé à la réconciliation nationale. « Je suis de ceux qui ont demandé le retour en Algérie. Dernièrement j'ai accepté l'invitation du frère Bouteflika, mais j'ai exigé des garanties, notamment l'annulation des jugements de justice me concernant. Cela m'a été refusé arguant qu'il y a d'autres lois à côté de celles portant réconciliation nationale » a-t-il ajouté. Revenant à la « résurrection » islamiste qui continue d' ensanglanter l'Algérie, Haddam a déclaré : « nous avons agit contre le putsch, contre les putschistes ». Et de conclure : « Il faut aujourd'hui une véritable rupture. J'appelle toutes les forces et invite Kébir à évaluer les priorités et à penser à tout cela ». Abdallah Anas qui a affirmé avoir rencontré Belkhadem à Londres, qui l'a « invité à rentrer au pays », a dit refuser le fait de « situer la crise en termes d'un conflit entre républicains d'un côté et des terroristes de l'autre côté. » « Tant que l'on continue d'agir de la sorte il est clair qu' il n'y a pas de volonté de résoudre la crise, » tranche-t-il Celui-ci dira ensuite que la solution devrait être trouvée à l'intérieur du pays « parce que l'instance du FIS à l'étranger ne pèse rien devant les militants qui sont en Algérie » citant Ahmed Taleb Brahimi, Mehri, Djeddi, Guemazi….