À Aoubelil, sur les monts de Tessala, une très attendue opération de relogement a eu lieu au bénéfice de 80 familles de haï Mestari. Ces familles habitaient des logements insalubres datant du regroupement des populations en 1956. Cela fait quelques mois déjà, le volet social est revenu à l'ordre du jour des autorités locales. Jusque-là, c'était l'aspect économique qui a monopolisé l'actualité. Et c'est à Aoubelil, qui se prononce Ougbelil, à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya, sur les monts de Tessala, en leur partie sud donnant sur la wilaya de Sidi Bel Abbès, qu'une très attendue opération de relogement a eu lieu au bénéfice de 80 familles. Celles-ci habitaient au haï Mestari, anciennement Guetna, des logements précaires datant du regroupement des populations en 1956. D'aucuns croyaient que ce chancre où les gens vivaient depuis 60 ans dans une effroyable insalubrité et la promiscuité, avait été démoli en 2005 à la faveur d'une opération de relogement opérée en vue de l'éradication des maladies à transmission hydrique qui sévissaient épisodiquement à travers la wilaya. Il n'en avait été rien alors que paradoxalement la wilaya croulait sous le nombre des programmes dit de résorption de l'habitat précaire (RHP). Cette agglomération, loin des regards des autorités, se situe dans une région exclusivement agricole où l'on ne fait pas dans l'agitation, et qui n'a jamais eu à monnayer les affres que lui ont fait subir les hordes sanguinaires pendant la décennie noire, lorsque les jeunes filles du village passaient la nuit allongées près des tombes du cimetière. Aghlal, sa voisine, avait mieux profité de la manne pour avoir eu, entre 2000 et 2010, un maire plus entreprenant qui avait su entrer dans les bonnes grâces des autorités de wilaya. Les masures des 80 familles relogées étaient dimanche la proie d'un engin démolisseur. Le reste des 122 familles recensées devront être relogées dans 42 autres logements, des F3 également, achevés mais dont la viabilisation extérieure est en cours. Fait remarquable, l'opération de relogement n'a été marquée par aucun incident. Zaoui Mébarek, 54 ans, est aux anges : «Nous vivions à sept avec des taupes dans une seule pièce. C'est vous dire ma joie». Sa voisine Ghanem Malika, ayant une fillette à charge, fait grise mine : «Je suis d'Aoubelil. J'y suis revenue en 1998 après mon divorce. Moi, on m'a privée du droit au relogement». Bouregba Abdelkader est plus tranchant. Ancien garde communal durant les années de braises, il ne mâche pas ses mots : «Avec mes enfants, nous formons un ménage de trois familles ; on ne m'a accordé un logement qu'à moi et un des deux fils alors que des gens n'habitant pas El Guetna ont eu droit au relogement». Contacté, le P/APC dément cette dernière allégation, demandant que lui soit fourni un seul nom d'indu attributaire : «Quant à son second fils marié, Bouregba sait très bien qu'il va bénéficier d'un logement social. Nous lui avons demandé de le loger avec lui en attendant. Quant à la jeune femme divorcée, elle fait partie de sept autres qui n'ont pas cinq années de résidence en la commune et qui n'ouvrent pas réglementairement droit au RHP ; pour ce qui la concerne, elle n'a pas procédé lorsqu'il le fallait aux formalités administratives de changement de résidence». Lorsque nous lui demandons comment la commune compte procéder pour récupérer la totalité de l'assiette foncière du haï Mestari pour réaliser les futurs projets de logements, l'élu se fait évasif, avouant que cette question sera tranchée ultérieurement.