En visite à Aïn Témouchent, le ministre des Transports a été au port de pêche de Beni-Saf. Il n'a cependant jeté un coup d'œil ni à ses 13 ha de bassin, ni à ses 6 ha de terre-plein, ni à ses 1474 m/l de quai, ni à ses 940 m/l de jetée principale, ni encore moins à sa pêcherie et la flottille. Cela a été une halte à l'entrée de l'infrastructure pour mettre les points sur les i avec les responsables de l'EGPP de Ghazaouet, l'entreprise qui en a la gérance. Il les a tancés publiquement, refusant d'entendre la moindre explication de leur part à propos de leurs relations commerciales avec, en particulier, la société propriétaire de la pêcherie ainsi qu'un promoteur devant réaliser une glacière et une fabrique de glace. La première, sommée par la justice à honorer le montant des taxes exigées d'elle par l'EGPP, les a honorées mais s'est vue imposer de nouvelles exigences non prévues contractuellement, selon un de ses représentants. Le second a été poursuivi en justice pour dépassement des délais de réalisation de ses projets. Concernant ce dernier, le ministre a estimé qu'au vu des moyens de réalisation dans notre pays, un retard est compréhensible. Par contre, l'interrogeant sur le prix de vente de sa glace, 300 DA le sac, il lui en a reproché le prix élevé, le sommant de revoir son process de production : «A l'est du pays, c'est 200 DA !» Quant aux gestionnaires du port, il les a sermonnés à propos des actions en justice actionnées contre les deux parties. D'évidence, pour d'aucuns, le passage du ministre au niveau du port n'avait d'autres raisons que ces deux affaires dont il connaissait les tenants et aboutissants. Mais, surtout, son souci est de favoriser l'investissement privé selon la politique gouvernementale en cours, quitte à désavouer d'inélégante manière les cadres sous la tutelle de son ministère. «Terminé, on ne veut plus en entendre parler ! C'est clair net et précis ! Vous bloquez une activité économique, wach bik ?» A la presse, il a assuré que «la restructuration du secteur du transport et la nouvelle réorganisation des ports et du secteur maritime va favoriser leur fonctionnement. Ce qui va être mis en place, c'est un allégement au niveau de ces ports de pêche parce que nous avons constaté, comme à Beni-Saf, l'existence de beaucoup d'insuffisances. A très court terme, la nouvelle organisation va offrir un plus à la famille des pêcheurs. Nous sommes sur un dispositif qui va permettre au monde de la pêche d'investir d'autres activités complémentaires, touristiques et autres, cela afin de permettre au secteur de la pêche de devenir rentable». Interpellé par un confrère sur la commercialisation du sable extrait du port et de sa passe d'entrée lors d'une récente opération de dragage, un sujet évoqué dans ces mêmes colonnes, le ministre s'est montré prudent, se contentant de généralités alors qu'il est question d'une mafia du sable qui opère en complicité avec des relais au sein de l'administration. Non seulement ce sable chargé de sel est impropre à la construction, mais encore, pour n'avoir pas été rejeté à la mer, comme cela s'est fait de tout temps, l'étendue de la plage du Puits voisine du port s'est rétrécie : «Ceci est un problème technique. Si ce sable est pollué et qu'il ne convient pas à la construction, c'est aux autorités locales de le prendre en charge. Ce qui est interdit doit l'être ! Puis, si l'on extrait du sable d'un endroit, on crée forcément un déséquilibre quelque part ailleurs. Pour ce qui est de l'aspect qui nous concerne, nous allons le prendre en charge. Pour le reste, c'est aux autorités locales d'intervenir !»