La cour criminelle de Ghardaïa a eu également à juger, cette semaine, l'affaire du bébé retrouvé le 20 novembre 2014, déposé mort, dans un sac à provision en plastique sous un petit palmier à Sidi Abbaz, dans la commune de Bounoura, à 3 km du chef-lieu de wilaya, Ghardaïa. Pour rappel, ce jour là, un passant apercevant un sac à provisions, bien enflé, déposé sous un arbre, a voulu par curiosité voir ce qu'il contenait. Il fit, en fait, une découverte macabre, en dévoilant le corps frêle et inerte d'un nouveau-né, enveloppé dans un morceau de tissu et enfoui dans le sac, qui était déposé dans le creux de la terre au bas d'un arbre à proximité de la salle des fêtes et du complexe omnisports de Sidi Abbaz. Maman célibataire Arrivés rapidement sur les lieux, les policiers de la 1re sûreté de daïra de Bounoura, située à quelques encablures, ont tout de suite bouclé le périmètre pour permettre aux éléments de la police scientifique de prélever des indices permettant de remonter jusqu'à la mère de cet enfant de sexe masculin. Celle-ci, âgée de 33 ans et habitant à la cité de Sidi Abbaz, tout près du lieu où a été retrouvée la dépouille du bébé, a été rapidement identifiée et arrêtée. Elle dénoncera celui qui l'a engrossée en dehors du mariage et l'infirmier qui l'a aidée à expurger le corps du bébé de son ventre. Circonstances atténuantes Devant la cour, l'accusée a plaidé l'innocence et surtout la précarité dans laquelle elle vivait, déclarant que son bébé était déjà mort dans son ventre et quelle voulait s'en débarrasser pour éviter le déshonneur. C'est le médecin légiste qui l'a aidée, en affirmant qu'effectivement l'autopsie a démontrée qu'il n'y a pas de crime, mais que le bébé était mort dans le ventre de sa mère. Le tribunal a alors poursuivi la maman pour abandon de corps de bébé sur la voie publique et l'infirmier pour aide et assistance illégale à avortement, lui accordant les circonstances atténuantes, la cour a été pour l'accusée d'une telle clémence qu'elle ne lui a infligé qu'une peine de 3 ans de prison, alors que l'infirmier a été condamné à 6 mois de prison avec sursis. Il est vrai que dans sa défense, l'accusée a ému et la cour et l'assistance sur sa vie de misère et de précarité. «Je ne cherchais qu'à vivre avec cet homme et avoir des enfants comme toutes les femmes. Mais il m'a abandonnée et laissée toute seule devant ce drame auquel je ne pouvais faire face toute seule. Je demande pardon à Dieu et au tribunal», a-t-elle sangloté, arrachant quelques larmes à beaucoup de présents qui pensent, pour beaucoup d'entre eux, que cette femme est beaucoup plus une victime qu'une accusée.