Des centaines de citoyens vivent dans des conditions intenables à la périphérie du chef-lieu de wilaya. Les habitants du bidonville de Ouled Bouchia, au sud du chef-lieu de la wilaya de Bouira, sont livrés à une misère endémique. Environ 400 personnes vivent dans une situation déplorable. Elles sont parquées depuis des années dans des masures livrées aux aléas de la nature. En hiver, il n'y a pas un toit qui ne laisse s'infiltrer les eaux pluviales. La saleté dans ce quartier oublié de Bouira est omniprésente. L'exiguïté des logements construits anarchiquement après l'indépendance a poussé les plus audacieux des chefs de famille à occuper les ruelles jouxtant leur maison. Le bidonville ressemble actuellement à un labyrinthe. «Nous sommes établis ici depuis de longues années. Nous n'avons pas connu de maires soucieux de notre situation et cela dure encore. Nous sommes les oubliés de Bouira. J'ai déposé un dossier pour obtenir un logement depuis 1974. Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai rien eu», s'exprime avec amertume un vieil homme. Et d'ajouter : «J'ai plus de 70 ans. A mon âge, en été, je dors dans la petite cour de la maison. En hiver, on s'entasse dans les deux chambres avec mes enfants qui sont devenus des adultes.» Les enfants du bidonville sont exposés à de multiples dangers. Des poteaux électriques sont totalement engloutis dans les entrailles du bidonville. Une étincelle peut réduire en fumée tout le quartier. Les eaux usées coulent un peu partout et le risque de maladies à transmission hydrique reste élevé. L'intrusion des rats dans les logements angoisse encore plus les habitants, surtout à cause de la proximité d'une décharge sauvage. Des femmes âgées, courbées sous le poids des ans et de la misère, pointent à chaque porte pour nous inviter à constater de visu la pauvreté qui règne dans le bidonville. «Venez voir dans quelle situation nous vivons. Nous demandons juste un peu de considération», clame une vieille potière. Une autre dame, la quarantaine, insiste pour nous faire visiter sa «maison». Elle vit avec son mari et ses deux enfants dans une seule chambre qui sert de cuisine, de salon, de salle de bains… «Voilà, c'est tout ce que j'ai. Mon mari est handicapé. Cette maison est construite au-dessus d'une canalisation de gaz naturel. Nous n'avons pas où aller», explique-t-elle d'un souffle entrecoupé et les mains tremblantes. Les habitants du bidonville d'Ouled Bouchia ont décidé de prendre leur situation en main. Ils ont créé un collectif pour faire entendre leur voix. «Nous avons saisi tous les responsables et tous les services étatiques de la wilaya de Bouira, mais en vain. Il y a 4 ans, les inondations ont failli tout emporter n'était l'intervention de la Protection civile», ont dit les membres dudit collectif. Selon eux, l'APC de Bouira a lancé, il y a 3 mois, un projet d'aménagement de la route principale du quartier. Une semaine après, les travaux ont été abandonnés. «Nous nous demandons à quoi servira une route goudronnée à un quartier en décrépitude ? Ni logement ni aide à la construction, nous sommes coincés dans ce bidonville», ajoutent-ils. «Le président de l'APC de Bouira nous a rendu visite en juin dernier et a fait des promesses. Sept mois sont passés, la situation est restée inchangée», déplorent les habitants de Ouled Bouchia.