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Dergana sous le feu de la colère
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Publié dans El Watan le 11 - 12 - 2015

«Je suis sorti afin d'apaiser les esprits. J'entendais des grossièretés de chez moi, comme si les forces de l'ordre étaient à l'intérieur de mon appartement.
Une fois dehors, l'un des agents, qui a l'âge de mon fils, m'a fait un croche-pied et m'a interpellé sans aucun respect pour mon âge.» Lahlou, 70 ans, barbe blanche soigneusement tracée, tarbouche rouge ave8c un burnous marron fièrement dressé, raconte la matinée du mercredi 2 décembre.
«Ce n'était pas l'opération de démolition qui nous a fait du mal, mais l'humiliation dont nous avons été victimes. Ils nous ont manqué de respect et nous ont insulté devant nos familles. Nous n'avons réagi que par honneur.» Il est 6h du matin dans le quartier diplomatique de Dergana, dans la commune de Bordj El Kiffan.
Surpris, les résidents se réveillent au bruit des rétrochargeurs dépêchés par la commune pour démolir toutes les baraques illicites construites autour des bâtiments et au bord des jardins attenants aux bâtisses de fortune. Ici, les appartements sont occupés depuis 30 ans. Mais depuis, ces familles se sont toutes multipliées. «Mes enfants ont tous grandi. Certains d'entre eux se sont même mariés.
Où est-ce que vous voulez que je les mette, bon sang ?» s'interroge encore Lahlou dont les deux enfants ont été interpellés eux aussi quand ils ont tenté de se soustraire à la police.
Facebook
L'opération n'a duré au final qu'une heure et demie. Environ 20 baraques qui servaient d'abri pour certaines familles et huit magasins construits illicitement ont été détruits. Les affrontements entre les forces de l'ordre et les résidents ont duré jusqu'à 15h30. Bilan : plusieurs blessés du côté des résidents dont Mohamed Hathouti, 25 ans, qui a failli perdre l'œil gauche.
Du côté des policiers, deux agents ont été hospitalisés le même jour, selon un officier de la sûreté d'Alger, joint par téléphone. Rencontré dans son bureau au siège de la wilaya d'Alger, le chef de cabinet de la wilaya, Mohamed Amrani, insiste sur le fait que l'Etat doit se montrer «ferme et juste dans ses décisions».
«Nous avons agi sur la base de plaintes parvenues à la wilaya. Le rapport de la cellule d'écoute que nous avons installée et les demandes répétitives des internautes qui réagissent sur notre page facebook, explique le chef de cabinet. Nous avons envoyé une équipe technique qui a constaté des dépassements graves en matière de constructions illicites. Nous avons pris la décision de nettoyer le quartier, mais nous leur avons réservé des projets qui vont beaucoup améliorer, dans un avenir proche, le quotidien de ces résidents ainsi que celui de leurs enfants.»
Caoutchouc
Ce que Mohamed Hathouti, tourneur à la Société nationale des véhicules industriels (SNVI), regrette avant tout, c'est la violence avec laquelle l'opération a été menée. «Un agent se trouvait tout près de moi quand je suis sorti de la maison pour chercher ma nièce asthmatique. Il était à moins de 10 mètres de moi, il ne m'a pas raté avec sa balle en caoutchouc», raconte-t-il avec amertume. La balle a rebondi, son œil gauche a été atteint, affectant sa vision et son nez a été fracassé. «Elle est aujourd'hui à 4/10, avoue Mohamed démoralisé. Le médecin légiste refuse d'inscrire dans mon certificat médical que j'ai été victime d'une attaque par balle en caoutchouc tirée par un agent des services de l'ordre.
Il a exigé une justification que je ne peux récupérer, selon lui, que de la DGSN. Cette dernière a refusé de me la délivrer.» Mohamed est aujourd'hui sans travail. La nature de son métier, tourneur, ne lui permet pas d'assurer le service avec un œil aussi sensible. Il ne sait plus quoi faire ni a qui s'adresser car, selon lui, «toutes les portes lui ont été fermées». «Comment faire quand vous n'êtes pas reconnu comme victime ?» s'interroge-t-il.
Sa famille compte déposer plainte, dimanche prochain, contre la DGSN et son «agresseur» pour «atteinte à l'intégrité physique d'une personne».
Contacté par téléphone, un cadre de la sûreté de la wilaya dément toutes les accusations et souligne, de son côté, le «professionnalisme» dont ont fait preuve ses agents pendant ladite opération. «Nos agents ont accompli efficacement leur mission en respectant la loi et la déontologie de la profession. Ils ne sont intervenus qu'après avoir constaté la violence des résidents qui ont non seulement entravé les travaux de démolition, mais s'en sont pris aux démolisseurs et aux représentants des autorités locales présents sur les lieux», souligne-t-il.
DGSN
45 personnes ont été interpellées et poursuivies en justices, selon les résidents (voir encadré). Les jeunes rencontrés dans le quartier insistent sur un autre cas qui, selon eux, a été accusé «à tort» par la police d'avoir cassé le fusil à pompe d'un des agents. Keddache Larbi, 38 ans, est marié. Sa femme enceinte attend leur premier bébé. «Nous avons été témoins. Nous avons vu l'arme en question se casser devant nos yeux et c'est notre voisin qui a été accusé dans l'histoire.
Une fois au commissariat, ils ont découvert que c'était un repris de justice, une cible facile pour eux afin de lui faire porter le chapeau et couvrir leur collègue.
De plus, Larbi nous a affirmé qu'on l'a obligé à signer un PV sous la torture où il reconnaissait les faits. Nous voulons que la DGSN sache qu'il n'a rien fait et qu'il n'a rien à voir dans cette histoire», insistent-ils. Le même cadre de la DGSN, qui invite les résidents à fournir des preuves aux accusations, révèle que plusieurs émeutiers étaient ce jour-là en possession d'armes blanches, ce qui a motivé, selon lui, leur intervention «musclée».
«Il n'y a pas que ça, ajoute-t-il. Parmi les interpellés, nous avons intercepté des gens recherchés par la justice et même des insoumis vis-à-vis du service militaire, avoue-t-il. Nous avons fait notre travail et nous l'avons accompli avec succès et efficacité sans entraver personne.»
Aires de jeux
Sur un ton presque menaçant, les résidents, qui prennent à témoin les autorités, invitent les agents de services de l'ordre à être plus souples avec eux la prochaine fois. «Nous ne voulons pas de problèmes pour notre pays. Mais s'ils continuent à agir de la sorte avec nous, il y aura certainement des victimes la prochaine fois. Ils nous ont fait comprendre que nous étions à Tel Aviv et non à Alger», s'indignent-ils.
Quant au chef de cabinet qui appelle au calme, il rappelle aux résidents les projets que lancera la wilaya dans ce quartier à la fin de l'actuelle opération de démolition.
«Le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, a donné son accord pour le financement d'un projet de réhabilitation de ce quartier délaissé, et ce, juste après la fin de l'opération de démolition, affirme Mohamed Amrani. Nous allons aménager des aires de jeux, libérer des terrains de sport pour construire des stades de football et réaménager les espaces verts que nous allons équiper de bancs afin que les familles trouvent enfin leur bonheur.
De plus, selon nos chiffres, 90 à 100 familles vont bénéficier de logements sociaux.» Selon la wilaya d'Alger, l'opération de démolition est divisée en deux phases. Les baraques démolies jusque-là ne représentent que la première phase de l'opération.
Alors que les habitants parlent du 17 décembre comme date du retour des forces de l'ordre à Dergana, le chef de cabinet rassure et dément l'information. Selon lui, aucune date n'a été arrêtée pour l'instant.


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