Le dirigeant palestinien Yasser Arafat sera « expulsé des territoires » palestiniens, a déclaré le Premier ministre israélien Ariel Sharon, rappelant que le leader palestinien demeure réellement son cauchemar, et puis ce côté dérisoire d'une décision qui dévoile l'impuissance d'Israël à soumettre le peuple palestinien. A la manière de celui qui avoue et revendique ses crimes, et certainement assuré de l'impunité, Sharon, qui avait échoué dans son opération visant à assassiner le leader palestinien en juin 1982 à Beyrouth dans une opération qu'il avait dirigée personnellement, affirme : « Nous avons agi contre Ahmad Yassine et (Abdelaziz) Rantissi au moment qui nous a paru propice. Au sujet de l'expulsion de Arafat, nous procéderons selon le même principe : nous le ferons au moment qui nous sera propice. » Le Premier ministre israélien avait menacé à plusieurs reprises de bannir, voire de s'en prendre à la vie de M. Arafat, ce qui avait provoqué l'indignation des Palestiniens et une vague de protestations internationales. Lundi pourtant, Omri Sharon, l'un des fils de Sharon, s'était prononcé contre une expulsion par Israël du vieux leader palestinien, se montrant plus intelligent que son père. « Il faut agir avec logique, une expulsion de Yasser Arafat n'est ni faisable ni dans l'intérêt d'Israël », a déclaré Omri Sharon lors d'une réunion interne de son parti, le Likoud (droite, au pouvoir). Il a, par la même occasion, rejeté a fortiori des mesures plus radicales à l'encontre du leader palestinien. Yasser Arafat est littéralement assiégé dans son QG de Ramallah en Cisjordanie par l'armée israélienne, qui lui interdit toute liberté de mouvement depuis décembre 2001. Avant cette date, Omri Sharon, en tant qu'émissaire officieux de son père, avait rencontré personnellement Arafat à plusieurs reprises. Sharon était alors dans l'opposition, et comme tel, faisait campagne contre les Palestiniens n'hésitant pas à afficher toute sa haine envers eux et le processus de paix d'Oslo. Sur ce dernier point, il s'est montré conséquent. Il a tout simplemnt tué ce plan, mais cela ne l'empêche pas de demander l'application d'accords sectoriels quand cela l'arrange, bien entendu. Effectivement, Israël a demandé aux Etats-Unis de financer la construction de trois bases militaires destinées à accueillir des soldats israéliens qui se retirent de Cisjordanie, selon une demande transmise lundi par le Pentagone au Congrès américain. Le projet, qui prévoit la construction de deux bases d'entraînement pour des soldats d'infanterie et d'un centre logistique destiné à une division blindée, est évalué à quelque 350 millions de dollars. Selon l'Agence de coopération de sécurité et de défense (DSCA) qui dépend du Pentagone, elles doivent être construites avec l'aide américaine promise à Israël dans le cadre des accords de Wye River datant du 23 octobre 1998. Les termes de ces accords prévoyaient le retrait en plusieurs phases des soldats israéliens de 13% du territoire de Cisjordanie, mais ils ont achoppé depuis 1999 et le retrait n'a jamais été véritablement mis en œuvre. Ni le Pentagone ni le Département d'Etat n'ont expliqué pourquoi les accords de Wye River sont désormais cités comme la base d'un programme de construction de bases militaires en Israël. Cela aussi fait partie de l'alliance stratégique israélo-américaine.