Il a fallu que le gouvernement d'Ariel Sharon décide de toucher à Yasser Arafat pour que le peuple palestinien se range comme un seul homme derrière son symbole de lutte et chef historique. Par ses menaces, Israël a exacerbé le sentiment nationaliste chez les Palestiniens, déterminés désormais à protéger au prix de leur vie le patron du Fatah, faisant abstraction de toutes ses erreurs passées. Yasser Arafat est en fin de compte le grand bénéficiaire du bras de fer qui l'oppose à Ariel Sharon. Sa cote de popularité est au sommet parmi son peuple, à voir les nombreuses manifestations de soutien dont il a fait l'objet ces derniers jours. Ce regain de popularité est beaucoup plus dû, selon les observateurs de la question palestinienne à un rejet de l'ingérence dans les affaires intérieures des Palestiniens, qui adressaient surtout un avertissement à Israël à travers leur déferlement dans les rues. Ils refusent que l'on touche à leur drapeau et à leur symbole. Ce rangement autour de Arafat s'explique par le rejet de toute immixtion d'Israël dans les affaires intérieures palestiniennes, estime l'analyste politique Hassan Al-Kashef. Selon lui, le leader du Fatah est, certes, populaire dans les territoires autonomes, bien que ces décisions et le fonctionnement de son administration ne sont généralement pas appréciés. Les sympathisants des mouvements radicaux, tels le Hamas ou le Djihad islamique, d'habitude opposés à la politique de Yasser Arafat vis-à-vis d'Israël sont, eux aussi, descendus dans les rues pour clamer leur soutien au chef de l'OLP. Tous les différends inter-Palestiniens ont été mis en sourdine pour faire bloc contre l'ennemi israélien, affirme l'autre analyste politique palestinien, Ibrahim Dakak. S'en prendre à Arafat physiquement ou verbalement, c'est insulter toute la société palestinienne, précise-t-il. Les raids ciblés de l'armée israélienne contre les dirigeants du Hamas et du Djihad islamique sont la goutte qui a fait déborder le vase, aux yeux des Palestiniens, qui n'acceptent pas qu'Israël fasse la loi chez eux. Côté israélien, il semblerait qu'en prenant cette décision le gouvernement d'Ariel Sharon n'en avait pas mesuré toutes les conséquences. C'est à chaud suite aux deux derniers attentats suicides de Tel-Aviv et de Jérusalem que la mesure du bannissement de Arafat a été prise. À voir les réactions enregistrées dans les territoires autonomes et à travers le monde, c'est réellement le cas. Maintenant, c'est toute la crédibilité de l'Etat hébreu qui va en prendre un coup si cette menace n'est pas suivie d'effet, estiment les observateurs israéliens. D'ailleurs, le fait que de hauts responsables israéliens aient annoncé que cette décision n'était pas applicable immédiatement a provoqué un mécontentement en Israël, particulièrement parmi les extrémistes. Yasser Arafat est sorti grandi de ce face-à-face avec son éternel ennemi Ariel Sharon, et à l'exception des Etats-Unis tous les dirigeants de la planète lui ont exprimé leur sympathie et leur soutien. K. A. En cas d'expulsion de Arafat Les relations israélo-arabes seront rompues La rupture des relations avec Israël est le minimum requis de certains pays arabes, si l'Etat hébreu venait à expulser le dirigeant palestinien Yasser Arafat, a estimé lundi le secrétaire général de la Ligue arabe. “Si Israël expulse M. Arafat, les pays arabes ayant des relations diplomatiques avec Israël devraient les rompre”, a déclaré M. Moussa aux journalistes. “Il est impossible et non convenable qu'une moindre mesure soit prise par les Etats arabes” le cas échéant, a ajouté M. Moussa, qui s'exprimait en marge d'une réunion d'urgence du Conseil de la Ligue, au Caire, consacrée à la décision israélienne de principe d'expulser M. Arafat. M. Moussa a, cependant, précisé que la rupture des relations n'avait pas été évoquée par les participants, même si elle a “plané sur l'atmosphère générale de la réunion”. L'Egypte et la Jordanie, seuls pays arabes à avoir signé la paix avec Israël, respectivement en 1979 et 1994, ont rappelé leurs ambassadeurs en novembre 2000 pour dénoncer “l'usage excessif de la force” par l'armée israélienne dans les territoires palestiniens après le début de l'Intifada. Londres sermonne Tel-Aviv la secrétaire d'état britannique au moyen-orient, elizabeth symons, a convoqué lundi l'ambassadeur d'israël pour lui signifier que les menaces d'assassinat contre le président palestinien yasser arafat étaient ''inacceptables'', a indiqué le foreign office. ''l'ambassadeur d'Israël à londres a été appelé au foreign office'', a déclaré un porte-parole du ministère britannique des affaires étrangères. ''la secrétaire d'état au moyen-orient, la baronne symons, a parlé à l'ambassadeur d'Israël pour lui exprimer clairement son point de vue que l'expulsion du président arafat serait une mauvaise chose et ne serait pas dans l'intérêt de la paix à long-terme'', a-t-il ajouté. elle a également dit que des commentaires tels que ceux faits par le vice-premier ministre israélien pendant le week-end sur “l'assassinat du président arafat étaient inacceptables”, a poursuivi ce porte-parole. le vice-premier ministre israélien, ehud olmert, avait affirmé dimanche que “tuer arafat est sans aucun doute l'une des options, au nombre desquelles figurent aussi son bannissement des territoires ou son isolement”. cette déclaration a soulevé un tollé dans la communauté internationale. les Etats-Unis ont exprimé leur opposition à toute tentative de tuer ou d'exiler arafat, mesure qui provoquerait, a affirmé le secrétaire d'Etat, colin powell, une immense colère dans le monde arabe. de son côté, l'inde a jugé lundi ''irresponsables'' les propos de ehud olmert, alors que le président égyptien hosni moubarak a mis en garde contre le ''chaos total (...) si les israéliens assassinent arafat et si chacun assassine son adversaire''. après ces condamnations unanimes de la communauté internationale, le gouvernement israélien s'est rétracté lundi en soutenant que son armée n'avait pas l'intention d'assassiner le président palestinien. ''aucune mesure ne sera prise dans l'immédiat. ce n'est pas la politique officielle du gouvernement israélien (...) nous ne parlons pas de le tuer'', a, déclaré le ministre israélien des affaires Etrangères silvan shalom.