Alors que le procès en appel de son fils s'ouvrira demain devant la cour d'Alger, le sort du général à la retraite Hocine Benhadid, incarcéré depuis plus de deux mois, n'est toujours pas connu. Ses deux avocats font part de leur inquiétude. Condamné le 26 octobre dernier, par le tribunal de Bir Mourad Raïs, à une peine d'un an de prison avec sursis assortie d'une amende de 50 000 DA, pour détention d'arme à feu sans autorisation, le fils du général à la retraite Hocine Benhadid sera rejugé en appel demain au niveau de la cour d'Alger. Il avait été placé sous mandat de dépôt le 30 septembre dernier, au moment où son père faisait l'objet d'une arrestation musclée, opérée par de nombreux gendarmes qui l'attendaient sur l'autoroute. Une arrestation qualifiée par ses avocats, Khaled Bourayou et Bachir Mechri, de «kidnapping», en raison des circonstances dans lesquelles elle a eu lieu. Déféré devant le parquet de Bir Mourad Raïs, l'ex-officier supérieur a été placé sous mandat de dépôt pour «participation à entreprise de démoralisation des troupes», en vertu de l'article 75 du code pénal, qui stipule : «Est puni de la réclusion à temps, de 5 à 10 ans, quiconque qui, en temps de paix, a participé en connaissance de cause à une entreprise de démoralisation de l'armée, ayant pour objet de nuire à la défense nationale.» En clair, les propos tenus par l'ancien général sur les ondes d'une radio, qui émet sur le web, ont été jugés comme étant des faits qui relèvent du tribunal criminel. Toutes les demandes de mise en liberté provisoire, introduites par ses deux avocats et appuyées par un dossier médical, n'ont pas abouti. Elles ont toutes essuyé un rejet de la part de la chambre d'accusation. Depuis le 30 septembre dernier, l'ancien commandant de la 8e Division blindée se trouve à l'infirmerie de l'établissement pénitentiaire. «Plus de deux mois après le début de l'instruction, aucun acte de procédure n'a été entrepris», déclare Me Khaled Bourayou. Il s'interroge sur la qualification des faits, «participation à entreprise de démoralisation de l'armée», en disant : «Une participation à une entreprise suppose qu'il y a d'autres personnes qui constituent celle-ci. Or, dans le dossier, il n'y a que Benhadid et les propos qu'il a tenus à travers un micro…» Pour sa part, Me Bachir Mechri est formel : «Il n'y a rien dans le dossier. L'inculpation ne repose sur aucun argument puisqu'il est le seul à avoir fait des déclarations. Cela veut dire que l'affaire a un aspect politique et de ce fait, nous ne pouvons intervenir en nous basant sur le droit ou la loi.» Me Mechri n'y va pas avec le dos de la cuillère : «Plus de deux mois sans aucune décision, cela veut dire qu'il y a anguille sous roche. Il faudra peut-être espérer que celui qui est à l'origine de cette mise en action de la justice décide de faire marche arrière. Or, pour l'instant, c'est la détention qui est privilégiée. Comment une affaire où il y a un seul inculpé et une seule inculpation, des déclarations à une radio, peut-elle rester en instruction durant plus de deux mois, sans qu'aucun acte de procédure ne soit décidé ?» Les deux avocats du général à la retraite expriment par ailleurs leur crainte d'une éventuelle dégradation de l'état de santé de leur client, pour lequel ils réclament un procès dans les meilleurs délais.