L'arrestation du général à la retraite, Hocine Benhadid, qui a soulevé un tollé général, continue de susciter des interrogations, surtout qu'un ancien chef terroriste qui a osé défier toute la République n'a pour l'heure pas été inquiété. Ses avocats, Khaled Bourayou et Mechri Bachir, ont dénoncé hier les violations des procédures lors de son arrestation et demandent sa remise en liberté et son placement sous contrôle judiciaire. Ils soulignent d'abord, lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, que ce n'est pas le ministère de la Défense nationale qui a déposé plainte contre leur client mais plutôt le procureur de la République du tribunal de Sidi M'hamed. Ils précisent ensuite que Hocine Benhadid est poursuivi pour «possession de munitions de guerre sans autorisation et participation à la démoralisation des éléments de l'Armée nationale en temps de paix». Arrêté mercredi dernier suite à des propos tenus sur une radio qui émet sur Internet, cet ancien général croupit dans les geôles d'El Harrach. Ses avocats contestent la procédure de son arrestation et se demandent pourquoi leur client n'est pas placé sous contrôle judiciaire au lieu d'être en prison. Me Bourayou a expliqué que le tribunal territorialement compétent n'est pas celui de Sidi M'hamed mais plutôt celui de Bir Mourad Rais, puisque son client réside dans la commune de Ben Aknoun. L'avocat a ajouté qu'aucun dépôt de plainte émanant du ministère de la Défense nationale n'existe dans le dossier de Benhadid. «La poursuite est engagée par le procureur de Sidi M'hamed», a-t-il indiqué, ajoutant qu'il n'y a ni mandat d'arrêt ni mandat d'amener à l'encontre de son client pour qu'il soit arrêté sur l'autoroute et d'une manière violente. L'orateur a dénoncé également la perquisition du domicile du général à la retraite en son absence, alors que la loi, précise-t-il, stipule que la perquisition se fait en présence de l'accusé ou d'une autre personne désignée par lui. Pour les deux avocats, l'emprisonnement de l'ancien général n'a pas lieu d'être puisqu'il présente toutes les garanties de se soumettre à la loi. D'ailleurs, ont-t-il argué, «Hocine Benhadid a été témoin dans l'affaire de son fils». «Il est de santé fragile. Sa mise en détention n'est nullement justifiée. Pourquoi ne l'ont-ils pas mis sous contrôle judiciaire ? Il faut que le code de procédure pénale soit appliqué avec rigueur et objectivité. On veut qu'il soit traité comme un simple citoyen sans privilèges, mais sans excès non plus !» plaide Me Bourayou. Pour les conférenciers, l'affaire de Benhadid contredit le discours du ministre de la Justice relatif à la détention provisoire. En tout cas, l'affaire du général à la retraite Hocine Benhadid mobilise ses anciens collègues de l'Armée. Dans une déclaration au quotidien «El Watan», le premier responsable de l'Organisation nationale des retraités de l'ANP, le général à la retraite Mohamed Oudaï, a appelé le président Bouteflika à libérer l'ancien général. «En tant que premier responsable de l'organisation et son unique porte-parole, et au nom de tous les membres du bureau, je demande au président de la République, en sa qualité de ministre de la Défense et de premier magistrat du pays, de peser de tout son poids pour libérer le général Benhadid en raison de son passé glorieux d'ancien moudjahid, des fonctions qu'il a occupées au sein de l'armée et enfin de son état de santé qui ne résistera pas aux conditions de détention», a-t-il déclaré.