Après un silence de plomb, Bouteflika est apparu, lundi, sur la chaîne de télévision publique, présidant un conseil restreint consacré à la révision constitutionnelle. L'intrusion du chef d'état-major de l'Anp, le général de corps d'armée Gaïd Salah, en tenue, suscite des interrogations, sachant que ce conseil avait pour ordre du jour l'examen d'un projet politique. L'apparition du général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, au milieu du mini Conseil des ministres présidé par Bouteflika et consacré, de surcroît, à la révision constitutionnelle, suscite de lourdes interrogations. Sa présence aux côtés du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, du ministre de la Justice, Tayeb Louh, du directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, et de ses conseillers, Boualem Bensayah et Tayeb Belaïz, ne peut être en tant que vice-ministre de la Défense. Le général de corps d'armée est apparu en tenue militaire décorée par le plus haut grade de l'armée, exhibant ainsi plus son statut de chef d'état-major que celui de vice-ministre, qui est un poste politique, jugé souvent comme étant incompatible avec le premier. A quel titre un chef d'état-major de l'Anp est invité à un mini Conseil des ministres, autour de l'examen d'un projet politique lié à la révision constitutionnelle ? Une question que se sont posée de nombreux observateurs surpris par cette présence. Quelle interprétation donner à cette incursion militaire dans un débat purement politique ? Ce qui est troublant, c'est que cette sortie intervient au moment où le secrétaire général du FLN ne cesse de faire l'éloge d'«un retour au régime civil», présenté comme «l'œuvre» de Bouteflika, à travers une guerre larvée entre le clan présidentiel, dont il fait partie, et l'ex-patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), sous la bannière d'une «restructuration» qui a privé ce département de toutes ses prérogatives non pas pour le ramener à sa principale mission, mais plutôt pour le mettre au service d'une autre partie. Cette intrusion militaire de Gaïd Salah est en totale contradiction avec la logique du patron du FLN. A moins que ce conseil vaut davantage par l'image qu'il renvoie, à savoir un Président encore capable de diriger, même affaibli par la maladie, mais soutenu par l'homme fort, le chef d'état-major de l'armée, un directeur de cabinet silencieux, un Premier ministre totalement absent de la scène politique en dépit des débats houleux autour des conditions dans lesquelles la loi de finances a été validée par le Parlement, un ministre de la Justice face à son prédécesseur (à la tête du département) devenu conseiller à la Présidence et Boualem Bessayah, ancien président du Conseil constitutionnel.