Des commissions techniques ont maintes fois fait le déplacement sur les lieux. La solution s'oriente vers le relogement des locataires dans d'autres appartements loin de ces blocs vacillants. Pourquoi refuse-t-on de nous reloger ailleurs ? Une commission est pourtant venue prendre note de notre situation, nous vivons dans une angoisse permanente, ces blocs ne sont plus habitables, le responsable local de l'OPGI l'a lui-même attesté, il nous a dit c'est votre droit de vous plaindre», tonnent des habitants de Tabriht à notre arrivée dans cette cité sinistrée. Sinistrée, elle l'est réellement. Depuis l'apparition des premières fissures, il y a quelques années, la situation ne cesse de s'aggraver. Chaque jour, il y a un bâtiment qui se fissure. Tabriht est, pour l'histoire, une cité de la périphérie Ouest de la ville d'El Milia. D'une cité noyau d'un nouveau grand pôle urbain, voire d'une nouvelle ville, comme il a été question lors de la réalisation des premiers bâtiments, elle n'est plus qu'un site à scandale. «Mais qui a ordonné la construction de ces logements sur ce site instable ?», ne cesse-t-on de s'interroger. Depuis 2005, date de l'arrivée des premiers habitants, la situation a pris des proportions alarmantes. A l'apparition des premières fissures, on a d'abord tenté de rassurer les habitants, en leur promettant de trouver une solution au problème. Mais sous la pression d'une situation de danger, l'ordre d'évacuation des premiers blocs a été donné en 2009. Depuis cette date, ce sont plusieurs blocs qui ont été vidés de leurs occupants. Quelques 200 familles ont été relogées, à la cité Tarzous, non loin de là. Parallèlement à cette opération, des travaux de confortement du site sont lancés pour tenter de stabiliser le sol. «Une fois les blocs confortés, ils seront réoccupés», promettait-t-on, alors. «On ne peut pas lutter contre la nature», rétorquent, à leur tour, des initiés au relief du terrain. Un terrain instable et exposé à tous les ruissèlements d'eau. Si les travaux de confortement ont été achevés, les blocs présentent toujours des fissures. Sur place, on nous montre ces blocs de béton construits autour de certains bâtiments. «Ils ont couté des milliards !», ironisent des habitants. Plongée dans l'insalubrité et l'angoisse, cette cité offre un spectacle de désolation. Dans chaque coin, il y a des blocs de béton qui se détachent du sol. Des fissures qui apparaissent sur les murs. Sous l'effet de ce mouvement, les réseaux d'AEP et d'assainissement ont été écrasés. Tout autour du bloc 23, des eaux usées jaillissent des murs. «Non seulement on est menacé par l'effondrement des murs, mais aussi par une épidémie de maladies à transmission hydrique», fulmine, à son tour, un retraité du secteur de la santé. En attendant la solution Enumérant les blocs touchés par ces fissures, des habitants, qui nous priaient de prendre des photos pour «montrer tout ça aux autorités et à l'opinion publique», parlent des blocs 32 ,33, 34, du 22 et 23, du 39 et bien d'autres qui sont sous la menace d'un effondrement. «L'eau ne monte plus, les réseaux sont écrasés sous l'effet de leur tassement pas le poids des blocs», insiste-t-on, par ailleurs. Connu de tous, ce problème est l'une des préoccupations majeure des autorités de la wilaya. Des commissions techniques ont maintes fois fait le déplacement sur les lieux. La solution à trouver s'oriente, comme il a été question lors des précédentes fois, vers le relogement des locataires dans d'autres appartements loin de ces blocs vacillants. En attendant que cette solution soit préconisée, les habitants sont sur le qui-vive de jour comme de nuit. «On est alertés par les craquements des murs, ce qui nous pousse à sortir la nuit et le jour dans la précipitation pour fuir le danger, on vit dans la peur et la psychose», affirment-ils. Les services de la Protection civile, de sécurité et les responsables locaux sont en permanence alertés sur l'imminence de l'effondrement de ces blocs. Autant dire que ce casse-tête n'a pas été sans créer un grand problème de logement à El Milia. «Si des décisions viennent à être notifiées pour reloger de nouvelles familles, on risque de ne pas trouver de logements pour les caser», avoue-t-on.