Un appel a été lancé à Constantine pour la reprise de la série télévisée Aâssab oua Awtar de Mohamed Hazourli. Antar Hellal, Fatiha Soltane, Alloua Zermani, Mohamed Hazourli, Hassan Benzerari, Noureddine Bechekri, Rachid Zeghmi, bref, tous les comédiens de la célèbre série télévisée Aassab oua awtar (Nerfs et cordes) étaient sur la scène du Théâtre régional de Constantine mardi pour une soirée hommage organisée à l'occasion des Premières journées du film arabe. Nawal Zaâtar, Djamel Hamouda, Fatima Hellilou et Tinhinane, autres comédiens de la série, n'ont pas pu faire le déplacement à Constantine. Malade, Bachir Benmohamed n'a pas répondu à l'appel, au grand regret des présents. Kamel Kerbouz et Toufik Mimiche, qui ont également fait partie de la distribution de la série, ne sont plus de ce monde. Un hommage leur a été rendu à titre posthume. Autant qu'au musicien Krikri, qui a composé le générique de la série. Le comédien Hakim Dekkar, qui a animé la soirée, a rappelé que «Aassab oua Awatar» a fait rire les Algériens pendant vingt-cinq ans les soirées du Ramadhan. «Cette série a remis en cause l'idée qu'il n'y avait pas de liberté d'expression en Algérie à une certaine époque. Nous avons traité des sujets difficiles et compliqués sous une forme comique. Cette forme permet d'aborder toutes les thématiques. Mais, il faut adopter une certaine souplesse lorsqu'il est question de mettre tout cela à l'écran. Aucune télévision au monde ne peut parler de nos problèmes et de notre quotidien si ce n'est notre télévision. C'est de cette manière qu'on peut récupérer notre public», a déclaré Mohamed Hazourli, réalisateur de la série. Il a indiqué qu'une bonne coordination entre le Théâtre régional de Constantine et la Télévision algérienne avait facilité la production de Aassab oua awtar pendant une longue période. Hassan Benzerari a précisé que l'idée d'honorer les artistes de Constantine revient à Brahim Seddiki, directeur des Journées du film arabe primé. «Il est évident qu'on ne pouvait pas honorer les artistes de Constantine sans citer ‘‘Aassab oua awtar''», qui est restée à l'écran pendant 25 ans. «Nous avons préparé pendant deux mois cet événement. Aami Bachir Benmohamed m'a encouragé à organiser cet hommage, mais malheureusement, il n'est pas avec nous ce soir. C'est un grand monsieur du théâtre. Il a débuté sa carrière artistique en 1962. Il a participé à plusieurs épisodes à Aassab oua awtar et a des films. Personne n'a pensé, jusqu'à ce soir, à lui rendre hommage. J'aurais aimé qu'il vienne. Kamel Kerbouz, allah yerhmou, était l'un des mes favoris dans l'interprétation. Je m'entendais à merveille avec lui», a souligné Hassan Benzerari. Il a révélé qu'un jour les bouchers de Constantine avaient protesté contre les comédiens de Aassab oua awtar. «Ils nous ont barré la route. Ils étaient en colère. Ils n'avaient pas apprécié un épisode assez critique à leur égard. Il a fallu leur expliquer que ce n'était qu'un sketch», a-t-il confié. Brahim Seddiki a lancé un appel sur scène pour que Aassab oua awtar revienne au petit écran. Son appel a été suivi d'un tonnerre d'applaudissements. Mohamed Hazourli n'a pas écarté la possibilité d'aller vers une nouvelle saison de Aassab oua awtar sous une autre forme. «Si on reprend, c'est pour traiter les sujets qui intéressent la société algérienne de 2016. Donc, la série évolue avec le temps. On ne doit pas rester figés dans le passé», a-t-il dit. Il a souhaité que les jeunes comédiens profitent de l'expérience des acteurs de Aassab oua awtar pour avancer dans leur carrière artistique. Il faudra alors que l'ENTV, ex-RTA, qui a produit l'émission, décide de mettre toute la série sous forme de coffrets DVD et les proposer à la vente. C'est une manière d'archiver un travail artistique et de permettre aux jeunes qui n'ont pas vu la série à ses débuts de la découvrir. Aassab oua awtar fait partie de la mémoire nationale de la Télévision. Mohamed Hazourli a lancé un appel pour que l'Etat continue de soutenir la production cinématographique et pour la réouverture des salles de cinéma. La soirée a été également marquée par un hommage particulier au critique de cinéma, l'un des meilleurs en Algérie, Djameleddine Hazourli, et pour sa légendaire émission «Cinérama», diffusée sur la Chaîne 1 de la Radio nationale. Hommage a été également rendu à Tahar Hannache, le premier réalisateur de cinéma algérien. Les plongeurs du désert, réalisé en 1952 et censuré par le régime colonial français, est considéré comme le premier long métrage algérien. Tahar Hannache a souffert d'un oubli qui a duré plusieurs années.