J'ai pris connaissance avec beaucoup de peine la nouvelle du rappel à Allah du dernier des géants de la grande épopée de la Libération nationale qu'a été Hocine Aït Ahmed. Je m'incline avec émotion à sa mémoire et je présente à sa famille, à ses proches et à tous ses compagnons mes condoléances les plus sincères et les plus attristées. Je tiens aussi à assurer le Front des forces socialistes de toute ma solidarité et de toute ma sympathie en cette pénible épreuve que partage avec lui l'ensemble des Algériennes et des Algériens. Hocine Aït Ahmed aura été d'une rare constance, d'une rectitude exemplaire et d'une noblesse d'âme admirable dans la défense de ses idéaux. L'histoire de notre pays l'a déjà distingué comme l'un des plus grands parmi les héros de la glorieuse Révolution de Novembre. L'indépendance de notre pays fut le premier grand combat de sa vie. Et dans ce combat, il s'est livré sans calcul et sans concession avec la fougue de sa jeunesse, la solidité de ses convictions et avec la certitude que dans un tel combat, la vérité et la justice étaient du côté de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui avaient fait leur une cause qui transcendait leurs destins personnels. L'indépendance de notre pays acquise et sa souveraineté recouvrée, Hocine Aït Ahmed est monté sur un piédestal d'où il n'est jamais descendu : celui des libertés et des droits pour ses concitoyens et de la démocratie pour son peuple et pour son pays. Et de fait, les droits de l'homme et la démocratie ont représenté la seconde cause de sa vie. Dans la défense de cette cause, sa foi n'a jamais vacillé, sa volonté n'a jamais faibli et sa détermination n'a jamais été prise en défaut malgré les épreuves tenaces et l'adversité implacable. Hocine Aït Ahmed était fait de cette matière dont sont pétris les grands hommes : il a dédié sa vie à une cause à sa mesure, la cause de la liberté plutôt qu'à la quête dérisoire des honneurs et des reconnaissances. Sa vie aura été un roman de la liberté qu'il aura écrit non seulement avec des mots qui résonneront pour toujours comme un plaidoyer éternel pour les droits de l'homme et la démocratie, mais aussi par des actes qui ont donné un sens à la bravoure, à la résistance et au sacrifice. Hocine Aït Ahmed s'en va sans avoir été le témoin du triomphe de la seconde cause de sa vie. Les droits de l'homme et la démocratie qu'il n'a pu voir naître en Algérie forment aujourd'hui son legs et son testament pour ceux qui se reconnaissent dans la rectitude et la justesse de la cause qu'il s'est choisie. Notre génération et les générations à venir sauront saluer la marche solitaire du pionnier. Elles sauront y puiser l'inspiration pour continuer son œuvre inachevée. Et plus que tout, elles sauront y trouver l'exemple à suivre. Hocine Aït Ahmed s'en est allé, mais son combat continue pour la gloire et le renouveau de son pays qu'il a tant aimé et qui n'a jamais déserté ses pensées et ses rêves. Paix à l'âme du grand disparu et puisse Allah Tout-Puissant l'entourer de Sa Compassion et Sa Miséricorde et l'accueillir en Son Vaste Paradis aux côtés de ceux dont il a dit : «A Allah nous appartenons et à Lui nous retournons.»