Caractérisé par une longue histoire marquée par de nombreux coups d'Etat, le Pays des hommes intègres entre enfin dans l'ère de la démocratie. La majorité des 5 millions d'électeurs burkinabé a élu démocratiquement, le 2 décembre 2015, Roch Marc Christian Kaboré comme nouveau Président, tournant ainsi la page d'une année de transition politique chaotique. Le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a obtenu la majorité absolue avec 53,49% des suffrages contre 21,65% recueillis par son plus sérieux rival, Zephirin Diabré, qui a reconnu sa défaite. Dans cette élection présidentielle, 14 candidats étaient en lice, dont deux femmes. Couplé à des législatives, ce scrutin était organisé un an après l'insurrection populaire qui a chassé du pouvoir Blaise Compaoré en octobre 2014, alors qu'il tentait de modifier la Constitution pour briguer un nouveau mandat. Aujourd'hui en fuite en Côte d'Ivoire, Blaise Compaoré avait déjà passé 27 ans au pouvoir. Le Burkina va transmettre «incessamment» à la Côte d'Ivoire une demande d'extradition de l'ex-président Blaise Compaoré, visé par un mandat d'arrêt international pour son implication présumée dans la mort de l'ancien chef d'Etat, Thomas Sankara, a annoncé la justice militaire. Roch Marc Christian Kaboré est une ancienne pièce maîtresse du système Compaoré qui a changé de camp juste avant la chute du régime. Lors de la campagne électorale, il avait notamment promis de s'attaquer au chômage des jeunes, endémique dans le pays, de moderniser le système de santé, promettant notamment la gratuité des soins pour les moins de 6 ans et de mettre l'accent sur l'éducation. Dans quelles conditions se sont déroulées ces élections ? Le président de la Commission électorale indépendante (CéNI), Barthélemy Kéré, a reconnu «quelques anomalies», estimant néanmoins que le déroulement du scrutin, suivi par toute l'Afrique, avait été «globalement satisfaisant». La Mission d'observation de l'Union africaine (MOEUA) a, quant à elle, salué «la maturité du peuple burkinabè» et le bon déroulement de la présidentielle et des législatives au Burkina Faso, estimant que le processus électoral burkinabè est «une réussite qui doit inspirer l'ensemble du continent». A l'étranger, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué «la manière pacifique» dont ont été conduites les élections et plus particulièrement la «forte participation des femmes au processus électoral».