Si El Hachemi Assad. SG du Haut Commissariat à l'amazighité (HCA) «La décision permettra un aménagement efficace de tamazight» Suprême satisfaction ! Le HCA considère cette reconnaissance du statut officiel de tamazight comme un acquis important qui consolidera davantage l'unité nationale et la démocratie en Algérie. L'officialisation veut dire que tamazight détient désormais un autre statut juridique. Lors de mes précédentes déclarations à la presse et d'une manière mesurée, j'ai explicité que nous, au HCA, étions assurés que le processus de l'officialisation est amorcé dès l'instant de son introduction dans l'ancienne Constitution puis son accession au statut de langue nationale. Donc, c'était une question de temps et voilà, le moment est venu pour l'annoncer et rendre justice à ce préjudice de l'histoire. Cette décision est un acte méthodologique qui permettra un aménagement efficace et planifié de notre langue sous l'égide d'une académie de la langue amazighe. Une des retombées positives de cette officialisation est que l'Etat mettra davantage de moyens pour rattraper le retard accusé en matière de recherche, de développement, d'enseignement et de diffusion. Le véritable processus de mise en œuvre de la volonté constitutionnelle trouvera alors tout son sens. C'est de notre rôle de prendre de l'initiative pour ne pas confiner cette décision dans un cadre strictement théorique. Nous devons travailler sans relâche pour installer les instruments institutionnels d'accompagnement et œuvrer dans la production littéraire, scientifique et culturelle de qualité.» AlI brahimi. Ancien député, militant de la cause amazighe «Un droit inaliénable et historique…» La langue amazighe vient d'être consacrée langue officielle dans la nouvelle mouture constitutionnelle présentée par le chef de l'Etat ! Indépendamment du contexte de délabrement institutionnel, politique, économique et culturel du bilan du pouvoir et des calculs de survie d'un régime honni par l'ensemble des citoyens libres de ce pays, l'instant et la décision sont historiques ! Nous prenons cette justice tardive sans remercier quiconque, parce que c'est notre droit naturel de parler, écrire, travailler et vivre dans notre langue maternelle et parce que c'est le droit historique inaliénable d'une langue et d'une culture qui ont survécu à des millénaires de déni et de répression, de recouvrer, sans conditions, leur souveraineté sur leur territoire historique ! (…). L'Algérie et la plus grande part de l'Afrique du Nord appartiennent aux espaces linguistiques et culturels arabophone et francophone, mais ne seront jamais arabes ni français parce qu'elles sont déjà amazigh et qu'elles doivent le rester ! (…) La fin institutionnelle du déni lève aussi toute couverture à l'amalgame islamité-arabité qui n'a bizarrement de prétention qu'en Afrique du Nord. Il reste et appartient aux formations politiques islamistes de renoncer à cet abus culturel et linguistique en acceptant sincèrement, voire en rejoignant la marche du peuple amazigh vers le recouvrement total et la reconstruction de sa souveraineté culturelle ! Le socle identitaire de l'Algérie est aujourd'hui conforté à charge pour le régime auteur du déni anti-amazigh d'entreprendre la thérapie collective identitaire et culturelle pour différencier arabisme et arabophonie ! Plus au-delà, il appartient maintenant à ceux qui s'arrangeaient du déni culturel anti-amazigh pour justifier leur tiédeur ou leur refus d'intégrer les rangs du mouvement démocratique, de se mobiliser pour imposer la citoyenneté, l'Etat de droit et l'Etat civil lequel ne saurait se confondre avec une dictature militaire ou religieuse (…)» - Brahim Tazaghart. Militant de l'amazighité, écrivain et éditeur «Une justice rendue au combat de plusieurs générations» Je suis satisfait par cette décision portant officialisation de la langue amazighe. Satisfait pour tamazight et content pour l'Algérie qui consolide ainsi sa cohésion nationale. Avec l'officialisation de tamazight, c'est une nouvelle étape dans la refondation démocratique de la nation algérienne qui s'achève. C'est aussi l'indépendance du pays qui se consolide en se libérant de la conception jacobine de l'Etat qui est une conséquence directe de la colonisation. Je crois que cette reconnaissance, qui vient rendre justice au combat de plusieurs générations de militants, est une leçon à retenir : ‘Ne jamais céder devant les difficultés et les obstacles, ni paniquer et faire fausse route au risque d'offrir aux nostalgiques de la colonisation leur revanche tant attendue.' Elle exprime aussi la vérité que la construction des Etats et des nations n'est pas chose aisée, qu'elle est un processus continu avec des réaménagements et des correctifs à apporter en permanence. En cet instant, le fait que nous n'avons pas tiré profit d'une manière optimale de la reconnaissance de tamazight comme langue nationale en 2002 me traverse l'esprit. C'est pour cette raison que j'appelle les militants de tamazight, les spécialistes et autres praticiens d'être à la hauteur de cette prochaine reconnaissance. C'est une décision essentielle à capitaliser. Avec des camarades, nous avons commencé, il y a un temps, à travailler sur la loi portant mise en œuvre de la reconnaissance de tamazight comme langue officielle. Nous étions certains que ce moment arrivera. Et face à l'histoire qui est en train de s'écrire, nous n'avons pas le droit à l'échec.»