L'Algérie risque de devoir revoir sa copie en matière de réajustement budgétaire pour 2016 si les prix du pétrole continuent à chuter comme c'est le cas depuis quelques semaines sur la place de cotation du brent à Londres. Les cours, qui se dégradent en effet de jour en jour, oscillaient entre 33 et 34 dollars le baril après avoir atteint jeudi, 32,16 dollars, un seuil jamais égalé depuis près de douze ans. La situation du marché pétrolier s'annonce d'autant plus inquiétante que l'Arabie Saoudite, premier exportateur d'or noir et chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) envisage l'introduction en Bourse du géant public Saudi Aramco (pour Arabian American Oil Company). Selon les analystes, cela signifie que «le niveau bas des prix du pétrole a un impact de plus en plus grand sur l'Arabie Saoudite», ce qui la pousse à chercher à combler le trou croissant qui se creuse dans ses revenus. L'annonce de la possible introduction en Bourse d'Aramco intervient alors que Riyad a fait état, fin décembre, d'un déficit budgétaire record pour 2015 à 89,2 milliards d'euros et une prévision pessimiste pour 2016 (déficit de 80 milliards d'euros) sous l'effet d'une baisse de plus de 60% des prix du brut depuis l'été 2014. En outre, la plupart des analystes estiment que l'escalade des tensions entre l'Arabie Saoudite et l'Iran a également contribué au déclin prononcé des cours ces derniers jours, car elle risque de compromettre les chances de voir les pays membres de l'OPEP s'accorder pour réduire leur production. «Les chances d'un retournement sur la stratégie de production de l'OPEP étaient déjà négligeables, elles sont désormais inexistantes», relevait en particulier un analyste cité par les agences de presse. «Le fait que l'Iran a interdit les produits en provenance d'Arabie Saoudite a constitué la dernière détérioration des relations entre les deux pays de nature à tuer tout espoir que l'OPEP puisse ne serait-ce que s'entendre sur un quota de production et encore moins sur des réductions de production», ajoutait un autre analyste. Jeudi les prix du pétrole ont fortement décroché, lestés par des excédents que les dernières données en provenance des Etats-Unis, de mauvais indicateurs chinois et la crise irano-saoudienne devraient accentuer. Le brent est ainsi tombé à 32,16 dollars le baril, un plus bas depuis le 7 avril 2004, tandis que le WTI est tombé au même moment à 32,10 dollars, un minimum depuis le 29 décembre 2003. Les cours souffraient d'inquiétudes grandissantes entourant une offre excédentaire et une demande faible, dans un marché par ailleurs déjà fortement lesté par les excédents depuis un an et demi. Côté demande, les craintes des investisseurs se sont accentuées dernièrement à la faveur d'une série de mauvais indicateurs chinois, couplée à la déroute des Bourses asiatiques, tandis que les statistiques du ministère américain de l'Energie (DoE), mercredi, montrant une énorme augmentation des stocks de produits raffinés, ne laissaient espérer aucune résorption à court terme des excédents. Plusieurs analystes considéraient par ailleurs que les mouvements observés sur les marchés pétroliers étaient également accentués par des paris spéculatifs.