Dans cet entretien accordé à El Watan.com, Mustapha Zebdi, président de l'association pour la protection des consommateurs (APOCE) affirme que les augmentations des prix de ce début d'année sont le fruit d'une spéculation liée à la loi de finances 2016. Une épidémie qui nécessite un boycott spontané de la part du consommateur et des déclarations musclés de la part des autorités. Il y a comme une course folle à l'augmentation des prix des produits de large consommation ces derniers mois… Il faut dire que ces augmentations ont eu lieu au lendemain de l'élaboration de l'avant-projet de loi de finances 2016. Et notre association a dénoncé des pratiques là. On a anticipé et on a appelé les autorités à prendre des mesures pour freiner cette spéculation. Nous l'avions dit et répété, c'est une hausse injustifiée et illégale. Le pire dans tous ça, c'est que certaines organisations syndicales ont contribué à cela. Prenons l'exemple des transporteurs de voyageurs privés qui, dès le début janvier ont augmenté les prix à 30%. Ce sont des hausses abusives encore une fois, surtout concernant les prix des services. L'accès aux toilettes publiques a augmenté de 50 %. Les photocopies de 5 à 10 da. Cela n'a aucun fondement. Malheureusement, on est dans un marché libre mais qui est sauvage aussi. Ceux qui adoptent ces pratiques veulent s'enrichir à tout prix mais ils sont bêtes car ils ne savent pas que leurs augmentations auront des répercussions sur leurs consommations à eux-mêmes et vont forcément payer encore plus cher qu'avant. Aujourd'hui, ces augmentations se sont installées comme une épidémie. Il faut des déclarations musclées de la part des autorités pour les freiner justement. C'est vraiment dommage de constater qu'une association a fait une sortie médiatique dernièrement pour rassurer les consommateurs sur le fait que le lait et le pain dont les prix sont réglementés ne seront pas touchés par les augmentations.
Et le consommateur dans tous ça ? Face à la spéculation, le consommateur doit exprimer son mécontentement, ce sont des pratiques illégales qui portent atteinte aux intérêts financiers et moraux du consommateur.
Nous remarquons que dans certains commerces, les prix des produits varient de 10, 15 voire 100 da d'un magasin à un autre…c'est aussi de la spéculation ? On est dans un marché libre. Cette pratique n'est pas sanctionnée. Par contre ce que nous condamnons ce sont ces prix affichés sur les produits qui ne collent pas avec ceux de la caisse. Comme les gens s'approvisionnent pour 15 jours, un mois, ils croient que cela passe inaperçu, surtout dans les grandes surfaces.
Qu'en est-il des augmentations pratiquées par les opérateurs de téléphonie mobile ? Ce n'est pas une augmentation mais un changement dans le palier de la première unité. Avant c'était 5 da pour parler 30 secondes, désormais c'est 10 da pour parler une minute. Mais sachez que les associations de consommateurs ne sont guère associées quand il s'agit des prix, de la consommation. Ce sont seulement, les gens nommés par décision par le président de la République qui sont là à décider. Pour cela que nous appelons les autorités à nous permettre à nous consommateurs de faire partie des commissions qui décident des prix et autres. Tenez par exemple dans le nouveau cahier de charge de Algérie Télécom pour la 4G, on oblige le consommateur à avoir un second numéro pour s'abonner. Ce ne sont que des frais supplémentaires qui sanctionnent le consommateur.
Pour revenir à la spéculation de ces derniers mois. Comment intervient votre association sur le terrain ? Je suis actuellement à Blida. On fait une campagne de sensibilisation pour appeler les consommateurs à rationaliser leur consommation, boycotter de façon spontanée l'achat de tel ou tel produit touché par ces augmentations illégales. Mais on est aussi en train de réfléchir sérieusement pour une meilleure méthode d'intervention sur le terrain pour manifester pacifiquement notre mécontentement contre ces dépassements.