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La meilleure des polices
La chronique de Maurice Tarik Maschino
Publié dans El Watan le 13 - 01 - 2016

En larmes au bureau d'état civil de la mairie, une femme ne cesse de répéter à l'employé qu'elle ne peut pas lui fournir l'original de son extrait de naissance : le village polonais où elle est née a été détruit pendant la guerre.
Elle ne peut présenter qu'une photocopie et un extrait de mariage. Ce qui devrait suffire, puisqu'elle doit prouver qu'elle est bien l'épouse de… «Je vous crois, lui rétorque l'employé, mais le règlement m'oblige à vérifier qui vous êtes et votre carte d'identité ne me suffit pas. Rien ne m'assure qu'elle n'a pas été falsifiée…»
Que la mairie où son mariage a été enregistré n'existe plus, l'employé ne veut pas le savoir et conseille à cette femme de s'adresser à son ambassade : «Mais par mon mariage, je suis Française», réplique-t-elle. «Que voulez-vous que j'y fasse ?», réplique le fonctionnaire, qui s'adresse, sans plus attendre, à la personne suivante. «Je vais devenir folle !» dit la femme, qui repart en sanglotant.
On se rappelle peut-être ce film cubain où une veuve, pour percevoir l'allocation décès de son mari, doit présenter leur livret de famille. Lequel se trouve dans le cercueil, quelques mètres sous terre.
Au lieu d'entreprendre des démarches, qu'ils craignent très longues, pour le récupérer, les proches de la veuve ouvrent la tombe, sortent le cercueil, récupèrent le livret et s'apprêtent à effacer toute trace de leur passage, quand un gardien surgit et appelle la police, qui arrête, puis jette en prison, tous les présents. Abandonné au milieu du cimetière, le cercueil est bientôt récupéré par les services municipaux, qui, ne sachant à qui il appartient, décident de le brûler avec le cadavre… Illustration à peine caricaturale des excès d'une bureaucratie qui tend à s'infiltrer dans tous les secteurs de notre existence, à les dominer, à les gérer.
Comme le souligne l'anthropologue David Graeber(1) : «Il y a eu, dans les deux derniers siècles, une explosion de la bureaucratie, et, depuis trente ou quarante ans, les principes bureaucratiques se sont étendus à tous les aspects de notre existence.» Un individu «normal» est un individu de papiers, de part en part bureaucratisé, qui peut être obligé à chaque instant, en tout lieu, de décliner son identité, de présenter les documents qui la prouvent, justifier sa présence là où il se trouve, ce qu'il fait à cette heure dans ces lieux… Un être sans papier n'existe pas socialement et ne peut rien faire.
Le citoyen des pays industriels est totalement bureaucratisé, à la limite : c'est un être de papiers, des papiers qui le constituent comme individu né à…, demeurant à…, exerçant la profession de… Toute absence de papiers, ou toute incapacité d'en présenter, le rend immédiatement suspect et autorise son arrestation. Qui sort ou se promène sans carte d'identité risque, à tout moment, les pires ennuis : interpellation, conduite au commissariat, vérifications interminables…
La bureaucratie est la police des sociétés modernes. Plus efficace que l'autre, qui porte un uniforme, précisément parce qu'elle ne se présente pas comme une police, mais comme un simple instrument de bonne gestion sociale : quoi de plus normal, en effet, que de présenter sa carte d'identité pour retirer un paquet à la poste ? Obligatoire dans de nombreuses circonstances de la vie quotidienne, la justification de son identité permet aux instances dirigeantes de suivre un citoyen dans toutes ses démarches. Et, si besoin, de l'étiqueter comme «suspect» ou «à surveiller». Contrôle multiple, invisible, indolore et qui permet à chacun de s'imaginer qu'il vit en démocratie.


1) David Graeber, Bureaucratie,
Les liens qui libèrent, 2015.


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