Galvaudé depuis près de deux années déjà, le pacte économique et social a été conclu hier entre les partenaires sociaux et le Gouvernement réunis à Alger dans le cadre de la 12e tripartite. La rencontre, à laquelle ont pris part le chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem et d'autres membres de son staff, la centrale syndicale UGTA comme unique représentant des travailleurs et les organisations patronales CAP, CNPA, CGEA, CIPA, SEVE, UNEP, ainsi que les Sociétés de gestion des participations (SGP), a finalement entériné sans amendements l'avant-projet de pacte économique et social rendu public dernièrement par la commission tripartite installé à cet effet. Sans surprise aucune, avec une célérité des travaux qui en dit long sur le rapprochement des points de vue des trois partenaires de la tripartite, le pacte économique et social a été unanimement salué, d'autant que le président de la République y attache une grande importance, ont tenu à rappeler les intervenants. Pour le chef du gouvernement, le pacte économique et social a pour objectif d'« engager le pays dans la voie irréversible du développement », alors que les partenaires économiques et sociaux s'engageraient à travers ce pacte à apporter, chacun à son niveau et « dans un climat apaisé, les conditions devant permettre de concrétiser trois actions essentielles : développer la production nationale dans tous les domaines ; développer une capacité productive capable de compléter les revenus tirés des hydrocarbures ; dégager les moyens et les instruments d'une politique sociale efficiente et d'un développement le plus équitablement réparti ». Cependant, même si pour Abdelaziz Belkhadem le pacte « confirme l'importance de l'entreprise algérienne comme acteur principal du développement et source essentielle de la création d'emplois et de richesse », l'euphorie ayant suivi la conclusion de ce pacte a été vite contrastée par une certaine appréhension, notamment des représentants du patronat quant à la mise en œuvre de ce pacte. A ce propos, le SG de l'UGTA Abdelmadjid Sidi Saïd a estimé pour sa part que la mise en œuvre du pacte « devra être accompagnée d'une politique de communication, afin d'assurer à l'ensemble des acteurs économiques et sociaux la nécessaire visibilité leur permettant d'inscrire leurs actions de façon cohérente et coordonnée ». Ce pacte d'une durée de quatre années est, de l'avis des partenaires de la tripartite, un moyen d'avoir la « paix sociale » afin d'engager les chantiers économiques à venir dans la sérénité. Cependant, l'absence d'un débat public autour de ce pacte et l'exclusion d'autres syndicats et organisations de la société civile laissent penser que ses résultats seront mitigés. Les participants à la rencontre d'hier ont à maintes fois éludé la question de la représentativité des partenaires sociaux, d'autant que la question se pose avec acuité autant pour les représentants des travailleurs que pour les employeurs eux-mêmes. Il y a lieu de préciser, toutefois, que le pacte économique et social signé hier prévoit d'installer des mécanismes de mise en œuvre et d'évaluation. Une évaluation annuelle dans le cadre d'une réunion tripartite est consacrée à cet effet. De même qu'un rapport annuel est établi par un comité national de suivi tripartite créé à cet effet. « Une évaluation qui s'appuiera sur le rapport annuel sur la situation économique et sociale du pays élaboré par les services compétents du gouvernement », selon ce pacte. Un pacte qui se fixe comme priorités, entre autres, « la promotion des régions défavorisées, la réduction des disparités, le développement du monde rural, la lutte contre la pauvreté et la marginalisation, l'implication plus grande de la femme dans les tâches de développement, la promotion de l'emploi et l'intégration des jeunes dans le processus des production ». A propos des salaires, le pacte stipule que la politique des revenus « doit tenir compte de l'amélioration réelle du niveau de productivité et de la performance des entreprises ». Dans le secteur économique, les négociations salariales s'effectueront selon une périodicité à arrêter conjointement par les partenaires sociaux au niveau des branches d'activités et au niveau des entreprises « en tenant compte des paramètres et indicateurs convenus dans le présent pacte ». Pour le secteur des institutions et administrations publiques, l'évolution des rémunérations qui devra tenir compte de l'évolution des indicateurs macro-économiques du pays sera examinée à l'occasion des rencontres bipartites consacrées à cet effet.