Alger ne voit pas d'un bon œil le mouvement incessant de ressortissants marocains vers la Libye. L'inquiétude est d'autant plus sérieuse que le ministre des Affaires maghrébines, Abdelkader Messahel, en a fait le reproche à l'ambassadeur du Maroc à Alger. «La question du flux massif et inhabituel de ressortissants marocains en provenance de Casablanca à destination de la Libye à travers l'Algérie, constaté ces dernières semaines, a été portée à la connaissance de l'ambassadeur du Maroc», indique en effet un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le document précise que le ministre a souligné que «le contexte sécuritaire actuel particulièrement sensible impose la plus grande vigilance». M. Messahel a ajouté que ce contexte «exige le renforcement de la coopération entre les pays de la sous-région, à l'instar de celle existant entre l'Algérie et la Tunisie en matière notamment de rapatriement de leurs ressortissants respectifs». Le ministre algérien ne s'est pas arrêté aux constats. Il a menacé, en termes diplomatiques, que l'Algérie sera peut-être amenée à renvoyer chez eux les Marocains suspectés de terrorisme. Il a informé l'ambassadeur «de la décision des autorités algériennes de permettre, pour cette fois-ci et à titre exceptionnel, le transit des ressortissants marocains actuellement à Alger, détenant des documents de séjour ou de travail en Libye. Les voyageurs ne disposant pas de justification motivant leur déplacement en Libye feront, quant à eux, l'objet d'un rapatriement vers leur pays d'origine». Le communiqué a même conclu que l'Algérie «mettra à disposition un moyen de transport pour assurer le retour au Maroc de ces ressortissants qui ont bénéficié d'un traitement conforme aux valeurs d'hospitalité du peuple algérien». Cette initiative algérienne fait suite au nombre sans cesse croissant de terroristes qui rejoignent l'organisation Daech en Libye.