Sortie droit de son misérable anonymat, imposé par des décennies d'isolement, la localité de Beni F'rah, dans la commune enclavée de Beni Yadjis, est passée au devant de l'actualité dans la wilaya de Jijel. Hier matin, elle a inauguré un pont, vieux rêve de sa population, que les natifs de cette région ont conçu et réalisé par leurs propres moyens. Après avoir vainement attendu que les autorités viennent à leur secours, des citoyens sont passés à l'action pour ériger une passerelle sur l'oued Djen Djen, traversant la région. Baptisée «pont de l'espoir», cette passerelle, qui a coûté un peu moins de 1 million de dinars, est l'œuvre de la seule contribution de la population. D'une cotisation à l'autre, des citoyens humbles, mais fiers de leur engagement en faveur de leur mechta, ont pu concrétiser le rêve des habitants de cette contrée éloignée de la vie et des préoccupations des autorités. Et c'est d'ailleurs sans rancune qu'ils ont tenu à inviter ces autorités en adressant des invitations à des responsables et des élus de la wilaya pour assister à l'événement inédit de l'inauguration de ce pont. Pour la circonstance, tout un dispositif a été mis en place pour accueillir les invités et les citoyens, qui ont tenu à honorer de leur présence l'événement de la mise en service de cette passerelle. Et c'est loin des protocoles officiels, qui n'auraient pas raté l'occasion de vanter la grande importance d'un tel ouvrage dans la vie de la population, que la fête était à son comble. Heureux de cet exploit, les citoyens et les habitants présents sur place au moment de l'inauguration de cette passerelle ont applaudi l'ouverture du petit, mais combien précieux, ouvrage sous les youyous des femmes.