Placée sous le thème «La liberté d'expression à grands traits», cette exposition de caricatures itinérante est organisée conjointement par le Centre national de documentation de presse, d'images et d'information et de l'ambassade du Canada en Algérie. L'exposition est commanditée par le Comité canadien de la liberté de la presse mondiale et la Commission canadienne pour l'Unesco. Depuis 2001, la commission canadienne pour l'Unesco et le comité canadien pour la liberté de la presse mondiale organise, annuellement, un concours international de dessin éditorial coïncidant avec l'attribution du Prix de la liberté de la presse. Plus de 700 caricatures sont reçues chaque année et les gagnants sont honorés à Ottawa lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Pour rappel, plusieurs caricatures ont été sélectionnées ou ont remporté le prix du Comité canadien pour la liberté de la presse mondiale dont le thème, en 2014, était : «On vous tient à l'œil». Ainsi, les travaux de cinq caricaturistes algériens se donnent à découvrir au niveau de l'une des salles du palais de la Culture aux côtés d'une dizaine de caricaturistes étrangers. Agencées sur des panneaux, les planches en question présentent des dessins drôles, polémiques ou militants de ces dernières années. Parmi les cinq dessinateurs algériens présents à cette exposition, citons nos deux confrères caricaturistes d'El Watan, Mohamed Mazari et Hichem Baba Ahmed (Le Hic), ainsi qu'Ahmed Haroun, Mahfoud Aider et Merouane Merabtène (Slim). On retrouve également parmi les caricaturistes étrangers les plus connus Ivan Anchukov de Russie, Mohamed Al Adwaï d'Irak, Rung Tang Li de Chine, Marilena Nardi d'Italie, Peter Chmela de Slovaquie, Elisabeth Alves de France, sila du Brésil, et Pierre Brignaud du Canada. Le doyen des dessinateurs de presse algérienne, Ahmed Haroun, estime que ce genre d'exposition permet aux gens du métier de se rencontrer, de discuter et d'échanger des idées. Pour cet artiste au crayon facile et aiguisé à la fois, la caricature algérienne se porte actuellement bien. «Au départ, dit-il, les caricaturistes actuels étaient des bédéistes. A l'époque, il y avait la censure. On ne pouvait pas faire de la caricature. J'étais à l'époque à El Moudjahid où j'illustrais des textes et où je faisais de la bande dessinée. A cette époque, il n'était pas question de faire une caricature d'un ministre, ou encore celle d'un chef d'Etat. Avec la création de la bande dessinée Mkidèche en 1967 et El Menchar à l'orée des années 90', on a explosé avec un groupe d'amis. On s'est défoulé. Nous étions libres. C'était la joie. On avait juste une petite fenêtre où on pouvait faire un petit dessin. Par la suite, les portes se sont ouvertes à nous.» Ahmed Haroun indique que la bande dessinée ne fait pas vivre son homme. Les caricaturistes sont, aujourd'hui, des fonctionnaires dans des journaux. «Il y a des caricaturistes qui osent et d'autres qui ont des limites qu'ils s'interdisent de dépasser. Ils sont un peu timides. Dans la caricature, il faut oser», ajoute-t-il. Un autre vétéran de la caricature estime, pour sa part, que la caricature a des limites à s'autoriser. On ne peut pas rire de tout. «Je dirais que la caricature algérienne est en pleine expansion. Ce qui me fait plaisir, c'est qu'El Menchar a été l'initiateur qui a permis à chaque journal d'avoir son propre caricaturiste. Je pense que c'est une bonne chose. Il y a des progrès et des améliorations dans ce sens.»