En 1966, Lakhdar Rebbah fut à l'origine d'un événement qui laissa perplexe plus d'un : l'évasion de Hocine Aït Ahmed de la prison d'El Harrach, le 1er mai. Le 6 février 1989 était accompagné à sa dernière demeure Lakhdar Rebbah, décédé à Alger à l'âge de 72 ans. Durant toute sa vie, il a dû faire face à une grave maladie due aux sévices subis lors de son arrestation en avril 1956. Né le 26 février 1917 au douar Ouled Djenane, au flanc nord du djebel Dira, dans la commune mixte de Sour El Ghozlane (ex-Aumale), il grandit en ville, à Belcourt, qu'il rejoignit avec ses parents en janvier 1919. Il adhéra au Parti du peuple algérien (PPA) dans les années 1936-1937, à la kasma des Tramways d'Alger (TA). Il était à l'époque receveur aux TA. Il jouait en même temps avec l'équipe de football de l'ASTA. En février 1955, il fut chargé par Krim Belkacem d'héberger Abane Ramdane et de l'assister dans toutes les tâches dont il avait la charge. Il habitait rue Hélène Boucher, à Ruisseau. Dans son étude consacrée à la vie de Abane Ramdane, l'historien Khalfa Mameri écrit à propos du militantisme de Lakhdar Rebbah : «Ce témoin ne laisse pas insensible. Il porte la lumière et la joie de l'homme utile sur son visage.» «L'homme utile», c'est le souvenir que ce militant de base du PPA-MTLD laisse dans la mémoire de ses compagnons de lutte pour l'indépendance. En 1966, Lakhdar Rebbah fut à l'origine d'un événement qui laissa perplexe plus d'un : l'évasion de Hocine Aït Ahmed de la prison d'El Harrach, le 1er mai. Chouli, un gardien de cette prison et ancien codétenu de la prison de Loos au nord de la France, fit sortir Hocine Aït Ahmed, vêtu d'un voile, au milieu des nombreuses femmes de sa famille venues lui rendre visite. Devant la lourde porte de la prison, une R4 attendait. L'évadé fut conduit dans un premier temps au quartier du lycée Abane Ramdane où l'attendait Lakhdar Rebbah. Celui-ci le prit en charge et l'emmena dans sa villa à Alger-Plage, où son départ vers le Maroc fut mis au point. Accompagné par Chouli, le «fugitif» prit le chemin de l'Ouest dans un camion de transport de meubles appartenant à la famille Rebbah. La frontière avec le Maroc fut traversée sans encombre. Libre, Hocine Aït Ahmed retrouva son beau-frère, Mohamed Khider, en exil depuis quelque temps. Ils partirent ensemble en Suisse.