Un tableau comparatif des trois années 2012, 2013, 2014 et de 2015 fait ressortir un mouvement baissier qui s'apparente plus à une tendance structurelle qu'à une donnée de conjoncture. Outre la baisse des profits du secteur des hydrocarbures, l'Algérie fait face à un autre danger, et non des moindres : la production actuelle est en baisse constante, le taux de récupération des réserves est l'un des plus faibles dans la région MENA (Afrique du Nord et Moyen-Orient). Les derniers rapports annuels du groupe Sonatrach sont indicatifs en la matière. Le bilan 2014 de la compagnie fait ressortir une production primaire totale de 195,2 tep (tonne équivalent pétrole), dont 50,7 millions de tonnes pour le pétrole brut, 10,2 millions de tonnes de condensat, 8,2 millions de tonnes de GPL et 130,9 milliard de mètres cubes de gaz naturel. Durant la même année, le pays a commercialisé 149,2 millions de tep. Comparée à l'exercice précédent (2013), la production primaire totale a chuté de 8,3 millions de tep. La baisse de la production a touché tous les produits. En 2013, la production de pétrole brut en effort propre et en association a été de 49,4 millions de tonnes, tandis que la production de gaz naturel a chuté, elle, à 127,2 milliards de mètres cubes. La production de condensat et de GPL n'a pas manqué à la tendance générale, puisque les volumes produits s'établissait respectivement à 8,8 millions TM et 6,6 millions TM. La situation est d'autant plus compliquée que le pays est mis sous pression par les prix actuels sur les marchés mondiaux. En variations annuelles encore, la baisse de la production primaire des hydrocarbures est beaucoup plus flagrante lorsqu'on remonte un peu plus dans le temps. En 2012, la production de pétrole brut a été de 50,9 millions de tonnes, tandis que celle du gaz naturel a été estimée à 132,5 milliards de mètres cubes. Un tableau comparatif des trois années 2012, 2013 et 2014 fait ressortir ainsi un mouvement baissier qui s'apparente plus à une tendance structurelle qu'à une donnée de conjoncture. Conséquemment à la décrue de la production, les volumes commercialisés ont chuté, bien qu'ils soient compensés par la tendance haussière des prix sur les marchés mondiaux durant les années précédentes. Plus spécifiquement, la consommation intérieure a été plus que jamais dynamique, affichant une progression à deux chiffres depuis maintenant plusieurs années. Maintenant que les prix ont été stoppés dans leur élan depuis juin 2014, les contreperformances de l'amont pétrolier et gazier ressurgissent comme du néant, alors que les prix actuels du pétrole remettent en cause l'objectif d'élever un tant soit peu les volumes de la production primaire. L'Exécutif en avait fait un cheval de bataille. Par le biais du ministre de l'Energie, il a récemment sermonné la direction du groupe Sonatrach quant aux retards et/ou blocages constatés sur certains projets, lui fixant comme seul défi le relèvement des niveaux de production à même de compenser les pertes que fait subir la chute des cours du pétrole. En 2015, la production n'a pas progressé pour autant, selon les chiffres du ministère de l'Energie. Les premières données du bilan des réalisations du secteur de janvier à fin septembre 2015 font ressortir des résultats mitigés en termes de croissance. L'activité d'exploration a enregistré une baisse de 7% de l'effort de forage, tandis que la production commerciale d'énergie primaire a baissé de 1,9% pour atteindre 112 millions de tep. La Banque d'Algérie a indiqué dans sa dernière note de conjoncture que les quantités d'hydrocarbures exportées ont chuté de 3,09% au cours des neuf premiers mois de 2015, contre une baisse de 4,57% au cours du premier semestre du même exercice. Au-delà de l'équation financière, se pose l'équation de l'efficience économique et technologique. Car le relèvement du niveau de production est tributaire d'un investissement primordial dans les technologies de récupération primaire et secondaire. Le taux de récupération des réserves est l'un des plus faibles de la région, oscillant entre 15 et 20%, alors qu'il culmine à 50% chez d'autres producteurs. La chute des cours du brut sur les marchés mondiaux pose un autre problème : l'investissement risque d'être ralenti, alors que pays a besoin de produire en quantités plus importantes pour compenser les pertes en recettes.