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De courtes idées !
Focus. Courts métrages algériens aux JCA
Publié dans El Watan le 13 - 02 - 2016

Tahar Houchi annonçait la couleur ce samedi 6 février au soir à la Cinémathèque d'Alger : «Je ne vais pas défendre mon film».
C'était après une longue séance de projection aux 6es Journées cinématographiques d'Alger (JCA). Tahar Houchi, cheville ouvrière du Festival du film oriental de Genève (FIFOG), était venu avec Koceila, son dernier court métrage, co-produit avec le Maroc et la Suisse.
L'histoire se passe dans un village côtier du Maghreb. Koceila perd sa grand-mère, se retrouve seul. Il rencontre un intellectuel algérien (Faouzi Saïchi), venu se réfugier en cet endroit après avoir perdu plusieurs amis tués lors des violences des années 90'. Il rencontre également une Européenne (Lola Peploe) en pleurs sur la tombe de son fils.
Le cimetière devient un espace de rencontre. «Il y a donc un processus de deuil qui s'effectue, qui cimente tout», note le réalisateur qui revendique le film comme «un acte égoïste» et un hommage à l'adresse des intellectuels algériens assassinés en Algérie lors de «la décennie noire». Le spectateur doit donc avoir une mémoire puissante pour se rappeler de l'Algérie de cette époque, surtout que le film n'a pas de terre identifiée.
Un spectateur qui peut se perdre entre les séquences : celle de l'homme silencieux assis dans une pièce entourée de rideaux, de l'enfant Koceila courant dans la rue, de l'Européenne à bord d'une voiture avec un chauffeur agacé, et de l'Algérien faisant de l'auto-stop, un poste-radio collé à l'oreille.
Comme dans un puzzle, il faut relier les séquences et les expressions pour «essayer» de comprendre le sens. «Je n'ai pas fait ce film pour qu'il fasse carrière. J'ai rassemblé des amis, écrit un scénario, suis allé tourner et m'amuser. C'était un challenge de rassembler les mentalités algérienne, marocaine et anglaise.
Le making-off aurait été plus intéressant que le film. Je ne me suis pas inscrit dans un a priori idéologique ou politique», confie Tahar Houchi. Son court métrage se veut également un hymne à l'enfance, thématique d'une trilogie entamée avec le court métrage Iddir. Le cinéaste dit avoir écrit le rôle de l'Européenne spécialement pour Lola Peploe, actrice britannique connue pour ses rôles dans The Queen de Stephen Frears et The other man de Richard Eyre.
Boubchir (Papillon) de Kamel Laïche est un court métrage anti-pessimiste. Expression plutôt rare dans le cinéma algérien contemporain. «Et en Algérie, on explique tout par la philosophie du pessimisme. C'est une idée qui me dérange. C'est pour cette raison que j'ai fait ce film», note le cinéaste. Un jeune écrivain (Mourad Oudjit) confie son manuscrit à un éditeur.
«Ton texte est bien. On va l'étudier», lui dit-il sans grande conviction. L'écrivain prend le train. Plongé dans ses rêveries, il rencontre un petit papillon de couleur orange. Il lui confie ses pensées, lui parle comme s'il l'entendait et le comprenait. Le passager n'aime pas trop le vieil homme assis en face de lui, comme il critique la dame qui le remplace sur le siège.
«Elle passe sa journée dans le marché, et puis elle veut qu'on lui cède la place», confie-t-il au papillon. L'insecte est menacé par un enfant turbulent qui accompagne la vieille passagère. Avec une douce brutalité, Kamel Laïche règle ses comptes avec l'ancienne génération, celle qui «ne veut rien lâcher». Même si Mourad Oudjit n'est pas au meilleur de sa forme, le court métrage Boubchir s'appuie presque totalement sur son jeu. Le film tire sa force d'une certaine poésie.
Le comédien Mohamed Khan se met derrière la caméra. «Le cinéma, c'est ma passion. Je travaille pour la télévision, mais pour le cinéma je suis prêt à venir à quatre pattes», dit-il. Bounif est son premier opus, plus proche du sketch télé que du film de cinéma. Le film se lit sur une seule ligne et se voit comme un mauvais burlesque. Bounif (Mourad Khan himself) est un mécanicien amoureux silencieux d'une fille du voisinage.
Osera-t-il se présenter pour demander sa main ? Bounif a un gros nez et a peur d'être repoussé. La suite ? Des séquences naïves et une moralité graisseuse. «J'entends critiquer ceux qui rient du handicap des autres», explique Khan. Redresseur de torts ? Visiblement, oui. «Je défends les hommes au sens propre du terme», ajoute-t-il plus loin. Donc, moralisateur et machiste à la fois. «Je viens de terminer un deuxième court métrage. Je ne lâcherai jamais», insiste-t-il. Tout le monde est averti ! Passons.
Sans prendre les grands airs, le jeune Mourad Bouamrane ne parle pas beaucoup de son film Chaabano. Juste quelques mots. Le film ? Une série de gags montés façon cinéma muet autour d'un personnage drôle et maladroit qui se fait malmener partout où il passe. Le court métrage est sympathique.
Pas plus. «J'ai choisi cette forme pour revenir aux débuts du cinéma. Pour apprendre quelque chose, il faut toujours aller aux origines. Plus tard, on fera d'autres choses», souligne le cinéaste, conscient du long chemin encore à faire.
Hassene Belaïd, qui s'est fait connaître par le court métrage Sauce blanche, dans lequel il dénonçait la discrimination dans certains endroits publics en France, est passé à un autre registre. Dans Nsibi (Mon beau-frère), il raconte l'histoire de Habiba (Bouchta Saïdoun), un homme qui s'habille en femme et qui semble assumer sa «gay attitude» dans un quartier populaire en Algérie. Habiba rend visite à sa sœur (Sofia Abdoun).
A la tombée de la nuit, Ali, son beau-frère (Malik Benchiha), la conduit à sa maison à bord d'une mobylette (le film a été tourné dans la région de Sétif). Lors du «petit» voyage, Habiba tente de se rapprocher de Ali. Méfiant, celui-ci ne rejette pas totalement cet intérêt chaleureux... Le personnage va subir ensuite la violence de deux hommes armés, habillés en noir, ressemblant à des policiers ou des vigiles. Une violence inexplicable. Le cinéaste a visiblement voulu intensifier la dramaturgie pour suggérer «la vulnérabilité» d'un homme qui ne ressemble pas aux autres dans un milieu hostile et qui souvent est masculin pluriel. Nsibi s'impose plus par sa thématique que par son esthétique.
Et, comme il fallait s'y attendre, le film est inévitablement récupéré par le réseau LGBT en France et d'autres pays européens. L'étiquette gay-movie ne sert pas forcément le court métrage. Hassene Belaïd, également scénariste et directeur de casting, a choisi un vrai personnage au lieu d'un comédien professionnel pour interpréter le rôle de Habiba.
Une manière de s'éloigner de la fiction. «Dès le départ je voulais montrer un homme qui s'habille en femme et s'assume. Je ne pense pas être tombé dans le cliché, même s'il y avait pas mal de difficultés à surmonter. C'est un film sur le partage. Projeté en Europe et dans les pays arabes, mon film a été différemment perçu. On m'a plus parlé du sujet que de la teneur artistique», souligne Belaïd.
Dans Douce révolte, court métrage de Fella Bouredji, les étudiants de l'Ecole de beaux-arts d'Alger (ESBA) parlent des mauvaises conditions de formation et du regard de la société à l'égard des artistes. Yasmine se plaint du harcèlement dans la rue et s'interroge sur la manière avec laquelle elle doit s'habiller pour ne pas être agressée. Mais là, on s'éloigne déjà du sujet. Au début, Bouredji montre deux artistes en herbe évoquant la difficulté de louer un espace pour en faire un atelier. Là aussi, c'est un autre thème. Le propos du court documentaire – c'est du moins ce qui apparaît – est d'évoquer la naissance du mouvement InfidjArt en mars 2015. Ce mouvement, créé par les étudiants des beaux-arts, revendiquait une réforme de la formation.
Les étudiants ont investi les lieux, amenant les responsables du ministère de la Culture à se déplacer pour négocier avec eux. Malheureusement, dans Douce révolte on n'apprend pas beaucoup sur InfidjArt et sur ce qu'il a pu imposer comme changements. Le documentaire est en langue française, sans aucun sous-titrage en arabe ou en tamazight. «J'ai été fidèle à Yasmine. Je l'ai laissé s'exprimer comme elle voulait. Je ne faisais que filmer.
Elle parlait en français et en derja. J'ai essayé de créer une cohérence», souligne Fella Bouredji. Mais quel est le public ciblé ? «C'est un film qui s'adresse aux Algériens. Cela n'empêche pas qu'il soit projeté ailleurs pour montrer les images d'une certaine jeunesse algérienne», soutient-elle. Hier, je reviendrai, le documentaire de Badra Hafiane, est également en français. L'Institut français d'Alger qui a produit les deux documentaires a-t-il imposé la langue française ? «J'ai choisi le français pour des raisons pratiques parce que nos encadreurs étaient français.
Cela aurait été difficile d'expliquer à chaque fois l'évolution du travail. Si les formateurs étaient arabes, nous aurions travaillé en arabe», précise Badra Hafiane. Ce court métrage a permis à sa réalisatrice d'exorciser une certaine douleur liée aux années 1990. «J'ai fait ce film pour une famille traumatisée, ma proche famille, et pour tous les Algériens touchés de près ou de loin par les années noires. Maintenant, si des Chinois, des Français ou des Japonais arrivent à se rappeler de ce qui s'est passé en Algérie dans les années 1990 à travers ce film, tant mieux», explique Hafiane. Pour elle, les Algériens n'ont pas encore surmonté les tourments des années 90'.
Le film suit un homme qui revient dans un quartier où son père et son frère ont été tués par les terroristes. Dès qu'il arrive, il trouve du mal à reconnaître la porte de la maison familiale. Soudain, on entend El Adhan et l'homme exhibe alors le portrait des deux victimes du terrorisme. Quelle signification donner à la présence d'El Adhan ? Pour mettre en accusation une religion ?
Ou le Adhan est là uniquement comme une «illustration» sonore pour «forcer» une lecture, une seule ? Hier, je reviendrai et Douce révolte sont des films de laboratoire soutenus par le Festival Premier Plan d'Angers. Abderrahmane Raoui dit être passé «à la vitesse supérieure» avec Exterminator, après La causerie des automates produit en 2005.
Dans l'attente de préparer son premier long métrage, et pour «ne pas perdre la main», il décide de réaliser, soutenu par ses amis Youcef Krach, Yacine Zitouni et Merouane Louafi, un court métrage, Exterminator, inspiré du fameux remix de Massive Attack, Primal scream.
Cela donne un film curieux qui peut être versé dans le registre du cinéma expérimental. Il raconte vaguement l'empoisonnement généralisé d'une ville bouillante où les humains vivent comme des ombres, des morceaux de décor. L'opération intox est menée par deux hommes en noir (men in black !) qui préparent leurs outils dans une chambre où un autre dort, la télé allumée.
Les deux inconnus, toujours silencieux, «concentrent» les images qui passent à grande vitesse au petit écran pour en extraire un liquide noir, devenu additif aux substances toxiques. On peut penser qu'il s'agit là d'une critique impitoyable des médias, mais l'expression est à la limite de la brutalité. L'expérience de Abderrahmane Raoui est intéressante par son anticonformisme.
Elle apporte une certaine fraîcheur à l'espace visuel algérien qui s'approche de l'étouffement. Exterminator a été tourné en moins d'une semaine dans les rues d'Alger. «Le propos du film est très algérien. C'est une espèce de remise en cause de certaines icônes de l'histoire du pays. Des icônes ''travaillées'' non seulement par la télévision, mais aussi par la culture.
Cela participait aussi à nous asphyxier quelque part. C'est une réflexion autour de l'image qui sera certainement présente dans mon prochain film. Aujourd'hui, avec Internet, on est constamment confronté à l'image», souligne Abderrahmane Raoui qui ne voit aucun rapport de son film avec La métamorphose» de Kafka. On le croit sur parole !


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