L'avenir des 400 ouvriers d Alzinc, une filiale de l'entreprise nationale de métallurgie et de transformation des métaux non ferreux Metanof, reste flou. En effet, l'entreprise est à l'arrêt depuis environ 10 mois. Il ne s'agit pas d'un arrêt technique, mais d'un arrêt forcé à cause de l'indisponibilité de la matière première, la blende. Depuis environ 10 mois, l'entreprise n'a pas produit le moindre lingot de zinc mais les ouvriers continuent de percevoir leurs salaires. Certains travailleurs, qui jugent cette situation critique, n'ont de cesse d'exprimer leur profonde inquiétude quant à l'avenir de leur entreprise et, par ricochet, leur propre avenir. Ils sont conscients de la situation. Ils savent pertinemment que l'usine est au bord de la faillite et que leur gagne-pain est sérieusement menacé. D'ailleurs, si l'on se réfère aux déclarations d'un ex-cadre de cette entreprise, la fermeture définitive de l'usine est éminente. Cet état de fait est, aujourd'hui, un secret de polichinelle. Evidemment, le commun des mortels sait que cette usine, le fleuron de l'industrie nationale comme la qualifiaient certains, est en grande difficulté, au bord de la faillite. Pourtant, à environ 200 mètres de l'usine, une quantité de 12 000 tonnes de blende (minerai servant à la fabrication du zinc et ses dérivés) est entreposée au port de Ghazaouet, mais l'entreprise ne peut s'en servir, nous a révélé notre interlocuteur. «D'accord, l'entreprise n'a pas les moyens pour payer la matière première. Alors où trouve-t-elle l'argent pour payer les 400 ouvriers sans rien produire ?» s'interroge ce cadre sidéré par une gestion hasardeuse qui a conduit l'usine droit vers la faillite. A entendre ce cadre qui connaît bien cette usine, les jours de l'unique entreprise en Algérie à produire et à commercialiser le zinc et ses alliages, l'acide sulfurique et le cuivre cathodique, sont comptés. «Certes, la crise économique mondiale de 2008 a eu un impact négatif sur la situation financière de l'entreprise. Mais la gestion y est pour quelque chose dans la dégradation de cette entreprise», souligne notre interlocuteur. «Certains investissements, je dirai investissements de prestige, tel que le traitement des gaz de queue pour diminuer la pollution atmosphérique, ont coûté des millions d'euros à l'entreprise sans atteindre les résultats escomptés», se désole cet ex-cadre. Et de souligner : «D'ailleurs toutes les mesures prises par la direction, ces dernières 5 années, pour redresser la situation financière de l'entreprise se sont avérées inefficaces.» Et depuis, l'entreprise s'est enfoncée davantage dans le rouge. La situation est devenue de plus en plus critique suite au manque d'argent pour l'achat de la matière première ce qui a provoqué l'arrêt de l'entreprise. Et dire qu'Alzinc aurait bénéficié, dans le cadre de restructuration et de mise à niveau des entreprises, d'une aide de l'Etat de 23 millions d'euros. Ce financement devait en principe servir à la réhabilitation des ateliers de lixiviation et de purification pour accroître l'extraction du taux de zinc, et donc l'augmentation de la production. La mise à niveau a ciblé aussi le traitement des gaz de queue. En fait, au grand bonheur des citoyens qui souffraient depuis des années de la pollution due aux gaz toxiques, le second objectif de cette mise à niveau a été atteint : la cheminée de l'usine ne fume plus et, peut-être, ne fumera plus jamais.