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La fuite des cerveaux algériens est un bon placement à recouvrer
Abdelouahab Aïtouche. PhD, fonctionnaire scientifique au département américain de la Santé
Publié dans El Watan le 17 - 02 - 2016

A l'ère de la globalisation de l'économie, la notion de «la fuite des cerveaux» est désormais appréhendée par une approche de «mobilité des compétences». En Algérie, l'absence d'une telle stratégie laisse le pays parmi les plus exposés à deux phénomènes des plus nocifs pour le développement : le «brain waste» (gaspillage des cerveaux) et le «brain drain» (fuite des cerveaux). Dans cet entretien accordé à El Watan étudiant, Abdelouahab Aïtouche, PhD en génétique et immunologie et fonctionnaire dans une agence du National institute of health américain (NIH), il évoque les entraves au retour des compétences algériennes expatriées et préconise quelque options pour favoriser leur intégration en ré-envisageant le «brain drain» comme potentiel «brain gain» providentiel.
La fuite des cerveaux est périodiquement évoquée par les établissements de recherche étatiques. Pensez-vous que la question est considérée sérieusement par autorités ou est-ce l'expression de la recherche d'un bouc émissaire pour se dédouaner de tant d'échecs ?
L'administration semble avoir accepté et est passée outre le constat ou le fait accompli que très peu de ces compétences seraient intéressées par un retour définitif au pays. La nouvelle approche est de les faire participer à distance et au besoin. Alors que l'Inde, la Chine, la Turquie et bien d'autres pays dans le monde s'empressent de «récupérer» leurs compétences, il est déroutant de constater que l'Algérie reste les bras croisés, et ce, paradoxalement, malgré de directives émanant des plus hautes instances de l'Etat.
Il faut toutefois rappeler que la notion de «fuite» n'est pas pareillement perçue par nos concitoyens : les Algériens affichent leur fierté à l'égard de leurs compatriotes qui se sont vu attribuer des postes de fonctionnaire d'Etat dans l'Administration américaine ou ailleurs, et ce, par leur compétence et leur travail acharné, et sont courtisés par de nombreuses organisations, institutions académiques ou autres à travers le monde.
Les autorités algériennes oseraient-elles douter de la loyauté de ces citoyens envers leur pays ?
Pour ceux qui ont côtoyé cette élite scientifique, il n'y a aucun doute qu'il y a un fort sentiment patriotique émanant du sens du devoir qui les interpelle pour donner en retour au pays et aider à l'édification d'un avenir meilleur, réalisable dans les délais les plus brefs. Ce qui est inquiétant, par contre, c'est le fait que certains moyens responsables en Algérie ont su dédain pour ces compétences. Leur argument préféré est que le «stagiaire» ayant passé tant d'années à l'étranger est «out of touch» ou inconscient des dures réalités du terrain, et de ce fait son apport en solutions effectives serait limité.
La réalité est que le «stagiaire» a pu voir des approches différentes à des problématiques similaires à celles que traverse l'Algérie et serait à même de proposer des solutions alternatives plus efficaces à celles entreprises actuellement ou par le passé dans notre pays.
En vérité, l'Algérie a tout à gagner si la crise de la fuite des cerveaux est reconsidérée comme un investissement et un bon placement à recouvrer et à gérer de façon judicieuse : comme une plus-value pour le développement du pays.
Souvent considérée comme une désaffection, la «fuite» de post-graduants en quête d'un environnement scientifique d'excellence n'est-elle pas une preuve d'assiduité que les autorité devraient percevoir comme atout de sérieux et d'engagement pour assurer la bonne gouvernance aux postes de responsabilité ?
Permettez-moi de reformuler la question pour mieux exprimer mon point de vue : la fuite des cerveaux est-elle aussi préjudiciable que cela ?
La réponse est non/négative, au risque de troubler le lecteur... Voici pourquoi. Supposons pendant un moment que l'Algérie a délibérément envoyé des milliers de diplômés, au fil des années, pour des stages de perfectionnement, des stages de longue durée à l'étranger; des stages outrageusement longs de durées de 20 ou 30 ans, voire plus. Chaque année passée à l'étranger aura indéniablement doté ces «stagiaires» — i.e. les compétences — d'un savoir-faire formidable et d'une maîtrise de nouvelles approches à des problèmes universels.
Ces outils acquis par chacun dans son domaine les préparant à mener à bien les tâches qui les attendent une fois de retour en Algérie afin de contribuer de façon effective à la construction d'une société fermement orientée vers la prospérité. Si on accepte cette hypothèse, une conclusion assez provocante s'impose : la fuite des cerveaux de l'Algérie est un investissement réussi dans sa première phase et les conditions seraient propices pour la mise en application de la seconde phase. Donc rien n'est encore perdu. Nous avons interêt à saisir ces opportunités et responsabilités historiques.
Concrètement, que sont les autorités censées faire ?
Agir, agir vite… et de façon réfléchie à la valorisation de cette gigantesque capacité humaine, qui est de surcroît toute prête et désireuse d'être mise à profit. Cette étape charnière n'est pas des moindres et ne peut être prise à la légère car d'elle dépendra le succès ou l'échec de l'exploitation de cette manne de savoir et d'outils experts, acquis individuellement et par chacun après tant de sacrifices vécus par le pays et ses «stagiaires».
L'inaction serait littéralement synonyme de délaissement et d'abandon de cette manne de savoir comme une quelconque marchandise non réclamée à un port. Faute d'action prompte et d'approche intégrative et concertée, l'Algérie court à sa perte.
Sur le terrain, les témoignages concordent sur les entraves que les responsables locaux dressent sur le chemin de retour des expatriés. Qu'en est-il ?
Effectivement, il faut aborder courageusement ces entraves à la valorisation de la capacité humaine des compétences algériennes. Je citerais en premier lieu le non-respect des engagements ; les responsables de plusieurs ministères et autres institutions académiques d'Algérie ne manquent pas de considérer ces compétences établies à l'étranger comme acquises d'avance, d'office, et qu'en cas de besoin, leur participation à n'importe quelle activité entreprise du côté algérien est un dû que l'on doit exécuter «bla m'ziya».
Or, avec l'approche approximative et aléatoire de moyens responsables algériens peu scrupuleux en matière de collaboration, on ne se prive pas de manquer aux engagements. Hélas, la réalité amère nous a appris que collaborer avec une institution algérienne n'est pas de bon augure ni sans risque et peut même affecter la réputation et l'intégrité professionnelle au sein de l'institution de tutelle à l'étranger.
Comme dit le proverbe anglo-saxon, «fool me once, shame on you ; fool me twice, shame on me» (dupe-moi une fois, honte à toi ; dupe-moi deux fois, honte à moi). Dans la collaboration bilatérale, les activités sont supposées et doivent être une autoroute à double sens où chacun se doit de donner et de respecter ses engagements en matière de suivi. Malheureusement, nombreuses sont ces compétences qui, suite à des frustrations cumulées, ont tout simplement décidé de jeter l'éponge tout en sachant qu'elles auraient été très utiles au pays si ça ne tenait qu'à elles.
La rémunération et un environnement socioéconomique stable, favorables à une meilleure intégration, semblent effectivement faire défaut…
Certes, tout travail mérite salaire mais il est embarrassant de constater que ces compétences ne reçoivent pas d'offres sérieuses en Algérie. Et l'on se deamnde pourquoi ces «détracteurs locaux» n'utilisent pas la même approche lorsqu'il s'agit de faire appel à des experts non algériens, qui n'ont jamais mis les pieds en Algérie, qui ne parlent pas notre langue et ne connaissent pas un brin de notre culture.
Si les responsables pensent à l'indemnisation, ils se trouveront très vite pris dans le dilemme du choix entre les 1000 dollars/mois pour un expert algérien ou l'inimaginable somme de 2000 dollars/jour réservée aux compétences non algériennes. 1000 dollars/mois est équivalent au 1/10e tout au plus du salaire actuel d'un expert algérien moyen vivant à l'étranger.
Les responsables en Algérie ne manqueront jamais de prétextes, tels que le vide de textes officiels de réglementation régissant de telles activités et les indemnisations associées. Actuellement, les indemnisations faites à ces compétences se limitent à une chambre d'hôtel et des repas un billet d'avion tout au plus si l'on est généreux.
Nombre de compétences contribuent de leur temps et de leur argent, sacrifiant leurs jours de vacances en se disant qu'après tout, une visite en parallèle à la famille ça n'a pas de prix.
N'a-t-on pas entendu récemment un de ces responsables dire — peut-être dans un moment de lucidité où il a exprimé le fond de sa pensée — que l'Algérie peut se passer de ses compétences à l'étranger car elles sont coûteuses, et qu'il serait plus raisonnable de reverser ce coût aux compétences locales.
Certes, les compétences locales ont besoin de plus de ressources et de confiance, mais de là à penser que les compétences algériennes à l'étranger sont une charge est synonyme d'une étroitesse de vision et d'une préhension naïve des enjeux, où chaque faux départ se paye par des années de retard en développement par rapport aux autres nations, dans une ère de globalisation et de compétition tous azimuts et sans pitié.
Malgré l'absence de politique incitative, pensez-vous que la volonté de rejoindre le pays subsiste encore chez nos compatriotes expatriés de même titre que ceux détenteurs d'autres nationalités étrangers ?
Nombreuses sont les compétences qui voudraient retourner au pays, mais l'absence de politique transparente d'accueil et de récupération volontaire des compétences en décourage plus d'un. On ne parle pas de logement ; l'étranger a appris aux «stagiaires» de se débrouiller par eux-mêmes. C'est plutôt l'absence de processus clair du qui, quoi, où et comment. Les quelques compétences courageuses qui se sont aventurées à demander une réintégration se sont vues accueillis avec des promesses non honorées, des conditions d'admission impossibles, voire humiliantes…
Une anecdote mérite d'être racontée dans ce contexte, celle du clinicien algérien en France qui offrait des stages de perfectionnement à ses compatriotes et collègues venant d'Algérie. Ayant considéré une fois un retour définitif au pays, il s'est vu offrir un poste plus bas que celui qu'il avait en France et avec la condition… de devenir stagiaire chez ses anciens stagiaires... Le comble !
Au moment où l'Algérie est en phase de moderniser et d'équiper les infrastructures du secteur de la santé, des compétences algériennes à l'étranger bien introduites dans cette industrie ont été consultées en périphérie, toujours façon «bla m'ziya», sans que des offres leur soient faites, sachant pourtant qu'on leur offrant un salaire qui équivaut celui qu'ils percoivent à l'étranger, ces compétences auraient immédiatement économisé au Trésor algérien mille fois ce salaire, avec une meilleure négociation de la valeur d'acquisition des équipements, sans compromettre qualité, maintenance et formation. Mais allez savoir comment cela est considéré vu la grandeur des enjeux financiers associés à de telles tractations qui se chiffrent en centaines de millions de dollars, si ce n'est plus.
Que préconisez-vous pour réconcilier les compétences algériennes expatriées avec leur pays d'origine ?
Je dirais qu'il faut, en priorité, légiférer en matière d'indemnisation, où à compétence et à travail égal, l'expert algérien doit être à égalité avec l'expert non algérien. Et ainsi permettre aux experts algériens de se constituer en corps consultatif, avec un budget qui puisse permettre de recruter des compétences pour des postes à contrat déterminé ou indéterminé et les indemniser selon un barème plus approprié.il faudrait également penser à exploiter les compétences en créant des postes d'attaché scientifique dans les ambassades de pays à forte concentration de compétences algériennes.
Enfin, élaborer des lignes directives pour faire en sorte que les responsables algériens répondent, en cas de manque à leurs engagements en matière de collaboration avec des institutions étrangères, pour limiter les embarras causés à chaque fois aux compétences algériennes vivant à l'étranger désirant collaborer avec des institutions en Algérie.


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